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Violences urbaines, pour Normane Omarjee , il faut dire : « Stop aux amalgames ! Allons en paix »

C’est un beau message de paix et de fraternité qui, en ces temps perturbés par des violences de toutes sortes y compris urbaines, nous a été adressé par Normane Omarjee, avocat et 3ème vice-président de la Région. Un message rempli d’espoir qui arrive à la veille de Pâques. Voici ci-dessous la tribune de l’ancien bâtonnier au Barreau de Saint-Pierre :

« Nous avons grandi à Saint Louis, à Saint Pierre, à Saint Denis, à la Plaine des Palmistes.
A l’école, parmi nos camarades de classe, il y avait tout qualité domoun : chinois, yab, malgache, comore, zorey, mahorais, caf’, zarab, malbar.

Nous avons grandi, appris ensemble. Nous étions aux mêmes cours de judo, d’entraînement de foot, de basket… Nous nous retrouvions aux anniversaires, aux mariages, aux enterrements.

Aujourd’hui, nous sommes voisins, amis, parents par alliance parfois, tous réunionnais, tous français. Chacun de nous refuse les gangs violents, mais c’est trop facile de prétendre que la délinquance serait liée à une origine.

Méfions-nous de la tentation de voir le mal venir d’ailleurs plutôt que de le regarder en nous-même. Aujourd’hui, alors que l’on montre trop facilement du doigt ceux originaires de Mayotte et des Comores, je veux prendre la parole pour les défendre. Qui peut prétendre que la délinquance serait importée, quand c’est dans nos écoles, dans nos rues, dans nos institutions que tout se joue ?

Défendons-nous de céder à la peur de l’autre. La violence et la délinquance n’ont ni couleur ni origine. La stigmatisation de celui décrit comme n’étant pas d’ici est un poison. Quand en hexagone, une réunionnaise s’entend dire dans un parc où elle pique-nique « Vous envahissez la France », chacun reconnaît le racisme.

N’infligeons pas ici ce que nous trouvons là-bas insupportable. Respectons-nous. Ne croyons pas que le chabouk peut être une solution. Ne nous berçons pas d’illusions. Nous n’élèverons pas de frontières avec Mayotte. Tous les jours, des réunionnais vont travailler et faire des affaires à Mayotte, rendre visite à leur famille, visiter l’île aux parfums.

Tous les jours, des mahorais prennent la décision de venir vivre, grandir, se former, travailler sur notre territoire. Ils nous importent. Ils nous apportent. Le travail des associations de quartier est indispensable. L’Etat et les collectivités doivent prendre leur part.

La situation du département de Mayotte est inacceptable. Aucun citoyen français ne peut admettre que l’habitant du département voisin n’ait pas accès à l’eau, à la santé, à l’éducation, à une vie quotidienne paisible.

Nous sommes frères de l’océan Indien, et Mayotte et les Mahorais méritent notre soutien, pas notre rejet. Ne nous leurrons pas sur la difficulté de la tâche. Ce sera un travail de longue haleine, et chacun doit faire des efforts. Oui, nos compatriotes mahorais qui arrivent à la Réunion doivent  faire celui de s’adapter à nos coutumes, notre mode de vie.

Notre devoir, c’est d’accompagner, de partager à tous ceux qui arrivent notre culture, notre histoire, notre zarlor, nos zarboutans. Cet accompagnement, il nous incombe à tous, nous réunionnais, nous devons tendre la main à nos compatriotes, parce que c’est cela aussi le vivre-ensemble !

C’est cela la fraternité, pas simplement un mot gravé au fronton des bâtiments, mais une promesse qui doit être tenue, suivie de réalités concrètes ».

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