Une grève se déroule depuis lundi dernier à la SPL Estival. Une grève illimitée déclenchée à l’appel de l’intersyndicale composée de l’UR 974, de FO, de la CGTR et de la CFTC. Mais des salariés syndiqués CFDT suivent eux aussi le mouvement. Une belle solidarité entre les agents de la SPL où un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) prévoit des « licenciements » selon les syndicalistes, des « suppressions de postes », selon Patrice Selly, le pdg par intérim de cette SPL Estival.
Vous connaissez la situation financière de ladite SPL. Elle est catastrophique. D’aucuns parleront de «scandale » ou encore de « fiasco financier ». Près de 3 millions d’euros de déficit. Une structure placée en redressement judiciaire par le tribunal mixte de commerce de Saint-Denis. Il va falloir renflouer les caisses non seulement vides mais complètement déficitaires.
SPL Estival : l’Etat prend la main et propose une médiation; Un désaveu pour la direction générale ?
Sur les 125 salariés que compte la SPL Estival, environ 95 ont décidé de débrayer. Depuis lundi dernier, ils ont commencé par planter leur piquet de grève devant le siège social de la société, à la Rivière-des-Roches, là où se trouvent les bureaux de la Mission Locale Est, présidée par Jeannick Atchapa, le maire de Bras-Panon. Le local panonnais de la SPL a été payé durant plusieurs mois sans y être occupé puisque les anciens bureaux se trouvaient à Saint-Benoit jusqu’à l’incendie.
Le local panonnais payé près de 120 000 et qui sont restés vides durant longtemps. Je ne vais pas revenir sur « les dérives financières » de la SPL que certains qualifieront de « malversations », à savoir des chèques sans justificatifs pour plusieurs centaines de milliers d’euros émis par l’ancien Pdg qui, depuis, a été révoqué et remplacé par une directrice générale en la personne de Claude-Anne Cambronne. En tout cas, les 3 millions d’euros de déficit résultent de très grosses lacunes en matière de gestion dans cette SPL Estival financée à 100% avec de l’argent public (95% Cirest, 5% Région). La Cirest étant présidée par Patrice Selly, Pdg de la SPL par intérim et maire de Saint-Benoit.
Sous la pression des grévistes, une réunion des maires de la Cirest s’est tenue mercredi soir (15 novembre). Initialement, elle devait se tenir à la mairie de Bras-Panon. Mais au dernier moment, elle a été ramenée à la Cirest. Une réunion tendue où le maire de Saint-André, Joé Bédier, a quitté la salle bien avant la fin des discussions car n’adhérant pas du tout à la proposition de PSE faite par le président Patrice Selly. Lequel Pdg par intérim bénéficie pour l’instant du soutien des autres maires.
Johnny Payet, maire de la Plaine-des-Palmistes était absent. Il se trouve actuellement en métropole. Il était représenté par Sonia Albufy et Joan Doro. Sainte-Rose a été représentée par son 1er adjoint et vice-président de la Cirest Dominique Panambalom. Les autres maires, Patrice Selly (Saint-Benoit), Jeannick Atchapa (Bras-Panon), Sidoleine Papaya (Salazie) et Joé Bédier étaient physiquement présents. Bédier ne « marche » pas avec Selly. Le maire de Saint-André s’est toujours prononcé contre le PSE. « Pas question, dit-il, de toucher aux salariés de la SPL qui ne sont pas responsables de ce fiasco financier ». Bédier et le député Ratenon tiennent l’ancien Pdg Ludovic Alamélou et l’actuel, Patrice Selly, pour responsables de ce «scandale ». Un positionnement qui rejoint celui des grévistes qui ne comprennent pas pourquoi ils devraient « payer pour les élus qui ont conduit la SPL à cette situation financière désastreuse ». D’où leur slogan qu’on a pu souvent entendre sur place : « ki ça la volé ? » ; Réponse des mêmes grévistes : « lé pas nou ! ».
Inutile de dire que depuis le début de ce conflit, Selly en a pris pour son grade : « voleur », « menteur », « Selly démission » et j’en passe. Des slogans qui ont pour effet de mettre de l’huile sur le feu plutôt que de contribuer à l’apaisement, à la sérénité.
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Les grévistes ont même repris à leur compte le slogan si cher au président de la Cirest : « tienbo, nou largue pas ». Personnellement, je ne vais pas rentrer dans des considérations politiques. Patrice Selly pense et il l’a même dit à haute voix, pas plus tard qu’après la réunion des maires de la Cirest, mercredi soir, que certains élus «profitent de cette grève pour régler des comptes politiques en souhaitant la déstabilisation de la gouvernance de la Cirest ». Il n’a nommé personne mais il y a pensé si fort que tout le monde a regardé du côté de Ratenon et de Bédier.
Sans doute n’a-t-il pas tort, mais je vous l’ai dit, moi je ne rentre pas dans ces considérations politiciennes. Je ne vais pas m’attarder sur les velléités municipales bénédictines de Ratenon. Ni sur le souhait – légitime ?- de Bédier de prendre la présidence de la Cirest. Je n’étais pas présent en juillet 2020 lorsqu’ils ont signé à Bras-Panon un papier selon lequel Selly devait passer le relais de la présidence de la Cirest à Bédier en juillet 2023. Ça, c’est leur cari concocté dans l’arrière-cuisine.
A mon humble niveau, je me limite uniquement à l’aspect humain de cette situation qui règne au sein de la SPL Estival. Je constate qu’au terme de la réunion de mercredi soir, les maires de l’Est, à l’exception de Joé Bédier, ont décidé de fixer un CSE (Comité social économique) au 27 novembre pour discuter du PSE. Forcément, une telle décision a eu pour effet immédiat de braquer les grévistes contre les élus. Lesquels élus, toujours à l’exception de Joé Bédier, ont dû être escortés par les gendarmes pour pouvoir sortir de la Cirest et rentrer chez eux. Franchement, c’est pas joli tout ça !
Je me cantonne à l’aspect humain en me disant que ces salariés, ces pères et mères de famille, dont les postes pourraient (je dis bien pourraient car il y a un PSE) être supprimés n’ont rien demandé. Ce ne sont pas eux qui ont mal géré ; Ce ne sont pas eux qui ont creusé le déficit de 3 millions d’euros. Ce ne sont pas eux qui ont signé des chèques pour des dépenses somptuaires. Ce ne sont pas eux (enfin pas tous) qui ont fait la fête avec l’argent public de la SPL Estival.
Ce déficit n’est pas non plus arrivé comme un cheveu sur la soupe. Plusieurs alertes avaient été lancées depuis longtemps par les représentants des salariés, mais les élus ont mis du temps avant de réagir. Et pourquoi seraient-ce ces pères et mères de familles qui devraient aujourd’hui payer les pots cassés par l’ancien Pdg (avec ou sans ?) la complicité des élus toujours en poste ? Je ne fais pas non plus du syndicalisme. Je me pose des questions tout simplement humanistes. Pourquoi vouloir faire payer aux innocents (es) les fautes graves causées par l’ancienne direction générale et le conseil d’administration ? Pourquoi ces administrateurs font-ils comme s’ils ne découvraient que maintenant ce gouffre financier ? Pourquoi la justice tarde-t-elle à réagir sur les plaintes déjà déposées contre X pour détournements de fonds publics ?
D’ici là des têtes innocentes au sein du personnel auraient sans doute le temps d’être coupées ! Pourquoi attendre le 27 novembre, soit douze jours après la réunion de mercredi dernier, pour fixer un CSE alors que des salariés ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés ? Une telle décision ne fait qu’empirer la situation. D’ailleurs, on l’a vu, dès ce jeudi matin, les grévistes, depuis 4 heures du matin, ont bloqué le dépôt de Paniandy à Bras-Panon, empêchant les bus de sortir. Donc, plus aucun bus Estival ne roule sur le territoire Est. Les recettes ne rentrent plus dans une société déjà déficitaire.
Pendant que ces pères et mères de familles dont nombre d’entre eux, d’entre elles ont été embauchés par des élus, des maires, y compris ceux de Saint-Benoit et de Bras-Panon, vont devoir attendre douze jours pour être fixés sur leur sort, des dizaines d’élus vont prendre l’avion à partir de ce vendredi – d’autres l’ont déjà fait depuis hier ou avant-hier – pour aller assister au congrès des maires Porte de Versailles à Paris. Le tout aux frais de la princesse, évidemment ! Un voyage « bat’ caré », l’occasion aussi pour nombre d’entre eux de faire des emplettes de fin d’année quand les pères et mères de famille de la SPL Estival ne savent pas s’ils vont être payés pour passer , comme il se doit, Noël et les fêtes de d’année, avec leurs enfants. Ils ne méritent pas ça ! Ils sont prêts à revoir, à rediscuter de leurs primes, celles qui leur avaient été octroyées par l’ancien Pdg, « mais pas de licenciement s’il vous plaît ! ». C’est leur cri du cœur à Patrice Selly et aux autres maires qui sont avec l’actuel Pdg par intérim de la SPL Estival. C’est ce que les syndicalistes ont dit hier soir, jeudi 16 novembre, au sous-préfet de l’arrondissement Est, Michaël Mathaux, qui les a reçus en présence de la directrice adjointe de la Direction du Travail. En effet, l’Etat a décidé de prendre la main dans ce conflit qui, outre les salariés de la SPL Estival, pénalise également les usagers de la région Est en matière de transport public. L’Etat a va rentrer dans la danse. Il va nommer un médiateur, via la Direction du Travail. Et, à en croire Sarah Lambert (FO) et les autres représentants syndicaux, une réunion est prévue dès ce vendredi 17 novembre (et non le 27 novembre) dans un lieu neutre, sans doute à Saint-Denis. Une médiation entre l’intersyndicale et les administrateurs de la SPL Estival. C’est déjà une demi victoire pour l’intersyndicale qui ne voulait pas « d’un PSE unilatéral décidé par Selly et les maires qui le suivent » (voir photo ci-dessous). Il va sans dire que cette médiation proposée par l’Etat sonne un peu comme un désaveu pour les actuels administrateurs qui se retrouvaient à gérer une situation, à savoir un déficit de 3 millions, pour lequel ils étaient directement ou indirectement au courant depuis longtemps déjà.
« Un élu a été mis en place par des électeurs pour développer sa collectivité, pour bien utiliser l’argent public, pour créer de l’activité, mais pas pour retire manger de la bouche de ses administrés », précise une maman gréviste à la fois inquiète et en colère. Qui ajoute : « vous comprenez maintenant pourquoi les gens ne veulent plus aller voter ? Tous les mêmes ! Beaucoup de promesses pendant la campagne électorale et, une fois au pouvoir, ils se mettent à couper des têtes, notamment celles des plus faibles ».
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