Content de vous retrouver après deux semaines d’absence. Je profite d’ailleurs de l’occasion pour vous signaler que ce sera le dernier « Ti Kozman », en tout cas sous cette forme, c’est-à-dire un résumé de l’actualité politique et autres, publié uniquement le vendredi.
En fait, je n’attendrai plus systématiquement le vendredi pour écrire un « Ti Kozman ». Je le ferai si besoin, en fonction de l’actualité, quel que soit le jour de la semaine… ou du mois. En revanche, je continuerai, parallèlement, à faire, en semaine, des articles, des reportages, des interviews sur des sujets divers et variés, aussi bien en politique qu’en économie ou autres thématiques. Le « Ti Kozman» du vendredi constitue un format journalistique dans lequel je ne souhaite plus m’enfermer. Les années passent, je vieillis. Contrairement à beaucoup de politiciennes et de politiciens, moi je ne me crois pas éternel. Il faut savoir laisser la place aux jeunes.
Et comme vous avez pu le remarquer, nous sommes déjà en période de pré-campagne électorale. Nombre de personnes ont commencé à déclarer leur candidature en vue des municipales de 2026. Nous allons vivre une période délicate où le moindre mot pourrait être mal interprété. C’est aussi, un peu, la raison pour laquelle, je préfère me limiter à des papiers factuels autant que faire se peut pour éviter les critiques inutiles, qui ne manqueront pas de « pleuvoir » dans les semaines et les mois qui précèdent les prochaines municipales. On en reparle dans un instant.
Marché de l’eau à 210 millions d’euros de la Cirest à la Cise : recours grâcieux d’un contribuable de Saint-André
Je vais commencer ce « Ti Kozman » du jour par une information freedom.fr. sur un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Vous en entendrez sûrement encore parler dans les jours qui viennent. Il s’agit du contrat de concession des services publics de l’eau potable et de l’assainissement collectifs au délégataire de la Cise ; Un marché de 210 millions d’euros pour une période de 12 ans passé par la Cirest. Dossier voté à la majorité le 13 mars dernier par la Cirest (18 voix pour, 15 contre et 9 abstentions) en début de soirée. Mais l’on se rappelle que le matin de ce 13 mars, Joé Bédier avait, via son avocat parisien Me Robin Binsard, alerté au titre de l’article du Code de procédure pénale la Procureure de la République de la Réunion.
Nouveau rebondissement dans ce dossier : un contribuable de Saint-André (et non des moindres ; Il se pourrait même qu’il soit candidat aux prochaines municipales à Saint-André) vient, par le biais d’un cabinet parisien (des avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de Cassation), de former un recours gracieux contre ce contrat conclu avec la société CISE Réunion pour la concession des services publics d’eau potable et d’assainissement (contrat approuvé par la décision du 13 mars 2025, avis d’attribution publié le 7 avril 2025).
« De façon assez singulière, un seul candidat, à savoir le titulaire de la concession précédente, s’est porté candidat à l’attribution de la concession, prévue pour durer 12 ans et pour une valeur estimée de 210 millions d’euros. A dire vrai, ce n’est pas forcément une surprise alors que, pour ce contrat majeur, on s’est appliqué à publier un appel à candidature le 16 août 2024, en plein cœur des vacances, avec un délai de seulement deux mois pour faire parvenir les offres. Ces conditions d’appel à la concurrence apparaissent ainsi avoir été fixées en contravention aux exigences de l’article 18 du décret n° 2016-86 du 1° février 2016, qui invite l’autorité concédante à fixer le délai de réception des candidatures ou des offres « en fonction notamment de la nature, du montant et des caractéristiques des travaux ou services demandés au concessionnaire ». Or il est assez évident qu’aucune entreprise extérieure ne pouvait, en quelques semaines, prendre sérieusement la mesure de l’état des infrastructures, de l’importance des travaux à envisager, des caractéristiques des deux services à assurer, des engagements qu’elle pourrait ou non prendre », écrivent les avocats du contribuable de Saint-André.
Lesquels soulignent que « en l’absence de concurrence, le service a été concédé au prix fort et les tarifs facturés aux usagers vont connaître une très importante augmentation, nullement justifiée par les investissements programmés. Le contrat prévoit à cet égard une harmonisation des tarifs entre usagers des différentes communes, ce qui n’est pas en soi contestable, mais selon des modalités, très différenciées selon les communes concernées, qui paraissent éminemment contestables (on ne comprend pas bien, en particulier, comment il se fait que la cinquième tranche de consommation, à Saint-Benoît, se révèle moins chère que la tranche n° 4). Ce sont ces considérations qui conduisent le contribuable en question, qui est aussi usager des services concédés à contester ce contrat « qui encourt l’annulation », précise le cabinet d’avocats, avant de conclure le recours grâcieux adressé à Patrice Selly, président de la Cirest, comme suit : « Il me semble que la collectivité sera bien inspirée, pour éviter davantage de dommages, de tirer au plus vite les conséquences de la nullité encourue ».
Le contribuable de Saint-André a également informé le préfet de la Réunion du recours qui a été notifié par huissier. « la commune de Saint-André a appelé l’attention du procureur de la République sur les conditions de passation de ce contrat, qui laissent à craindre la commission à ciel ouvert du délit de favoritisme. Il me semble que, chargé du contrôle de la légalité des actes et marchés passés sur l’île, vous devriez pareillement vous interroger sur la légalité de ce contrat et, notamment, user des pouvoirs qui vous sont confiés pour le déférer à la censure du tribunal administratif (l’avis d’attribution a été publié le 7 avril).
Tel est en tout cas le vœu que forme, à la fois contribuable local et usager des services concédés, qui constate que de considérables augmentations tarifaires ont été décidées à cette occasion, qui ne peuvent être dépourvus de tout lien avec l’absence de concurrence telle qu’elle a été organisée », informe le cabinet d’avocats au préfet de la Réunion.
De gauche à droite : Joé Bédier, maire de Saint-André; Laurent Moutiama, dir-cab à la Cirest, et Patrice Selly, président de la Cirest. C’était le 13 mars dernier, lors du vote du rapport 27 (marché de l’eau) par le conseil communautaire de la Cirest.
Il faut croire dans ce dossier, Patrice Selly, qui a déjà pourtant maintes fois affirmé qu’il n’avait rien à se reprocher et que tout a été fait dans les règles de l’art, ne serait pas encore sorti de l’auberge. Il ne serait pas encore en mesure de voir le bout du tunnel (ou plutôt du tuyau) dans ce dossier pour lequel le contribuable de Saint-André se dit prêt à aller jusqu’au bout de la procédure juridique. Rappelons que le cabinet d’avocats en question avait déjà obtenu gain de cause dans une affaire de marché de traitement de déchets du Nord-Est de la Réunion obtenu à l’époque (sans appel d’offres) par une multinationale. A suivre !
Parlons des municipales à présent. Je vous l’ai dit, la campagne a bel et bien commencé. Les déclarations de candidature ne vous ont pas échappé. Il y en a au moins une toutes les semaines dans différentes communes de l’île : Virginie Gobalou (conseillère régionale de Saint-Pierre, élue sur la liste d’Ericka Bareigts en 2021), responsable du mouvement « « Convictions Réunion » a annoncé sa candidature à Saint-Pierre, samedi dernier. Ruth Dijoux (Ekilibre), toujours à Saint-Pierre, l’avait déjà fait deux semaines auparavant. Les Imrhane Moullan, Emmanuel Doulouma et autres ne devraient pas tarder à suivre le même chemin. David Lorion, maire actuel, a déjà annoncé la couleur à Saint-Pierre. Il s’y prépare pour. Idem pour Emeline K’Bidi, l’élue municipale Saint-Joséphoise, députée de la 4ème circonscription depuis 2022 qui se verrait bien assise dans le fauteuil de maire de la capitale du Grand Sud. Elle occupe le terrain.
Virginie Gobalou, conseillère régionale, élue en 2021 sur la liste menée par la socialiste Ericka Bareigts, sera candidate aux municipales de 2026 à Saint-Pierre.
Son attaché parlementaire (à mi-temps) travaille activement en ce sens, quand il ne s’occupe pas du tourisme à l’échelle départementale. Le mentor d’Emeline K’Bidi, j’ai cité Patrick Lebreton, enraciné dans les terres saint-joséphoises à l’image du safran dans celles de la Plaine-des-Grègues, est un « winner » et il a bien l’intention de tout mettre en œuvre pour faire de sa petite protégée, qui a déjà battu par deux fois (2022 et 2024) David Lorion aux législatives, la future magistrate à la mairie de Saint-Pierre.
La partie s’annonce rude d’autant que, depuis le décès de Michel Fontaine, patron de la droite locale et ancien maire de Saint-Pierre, durant plus de 20 ans, les équipes se sont ressoudées autour du maire-candidat Lorion, par respect et fidélité à la mémoire de Michel Fontaine. Il va sans dire que si Emeline K’Bidi gagne la bataille – ce qui n’est pas encore fait – Patrick Lebreton, patron incontesté à Saint-Joseph, deviendra incontestablement l’homme fort du Grand Sud et se verrait bien, à son tour, calé dans le fauteuil de président de la Région en 2028… si, toutefois, Huguette Bello décidait de faire de lui son poulain, lui qui, depuis 2021, a toujours été fidèle, loyal et respectueux envers l’actuelle présidente de Région.
Mais tout laisse à penser qu’Huguette Bello, en pleine forme, ne serait pas disposée à laisser sa place à la pyramide inversée. Et est-ce que « ma tante » souhaite voir un autre leader émerger au sein de sa propre majorité régionale ? Je pose toujours la question. Comme ça ! C’est valable aussi bien à gauche, qu’à droite. Les « caciques » (anciens) n’aiment pas trop qu’on leur fasse de l’ombre. D’où parfois des accords contre-nature passés en « misouk » tant à droite qu’à à gauche, comme ce fut le cas par le passé pour que chaque leader puisse préserver son pré-carré politique.
Un rassemblement de « Nouvel’R, nouveau parti politique des départementalistes, prévu le 7 juin prochain à l’Etang-Salé
En revanche, si c’est David Lorion qui l’emporte – nous n’en sommes pas encore là, évidemment – il s’imposera de facto comme le big boss incontournable et du Grand Sud et de la droite locale, s’il accepte de prendre, en plus, dès cette année, la présidence de « Les Républicains » pour marcher complètement dans les pas de feu Michel Fontaine.
Déjà maire de Saint-Pierre (au moins jusqu’à mars prochain), président de la Civis, « LR » Réunion, qui a massivement voté Bruno Retailleau, compte sur lui pour prendre les commandes de la fédération locale. Bruno Retailleau qui, soit dit en passant, actuel ministre de l’Intérieur, devient le président le mieux élu de « Les Républicains », premier parti de France, ces dix dernières années. 80% des 122 000 adhérents de « LR » ont participé au scrutin de dimanche dernier et Bruno Retailleau a gagné, face à Laurent Wauquiez (représenté localement par Gino Ponimballom), avec près de 75% des suffrages.
Il me rappelle Nicolas Sarkozy qui, comme lui, fut ministre de l’Intérieur, président de l’UMP puis… président de la République. On aura l’occasion d’en reparler en 2027. Revenons à la Réunion, « LR » est à la recherche de son futur président. Tous les regards sont tournés pour l’instant vers David Lorion, considéré par la grande majorité des 600 adhérents du parti, comme « le seul capable » de prendre les rênes. Avec un partage des responsabilités : la présidence au Sud, le secrétariat départemental au Nord et ainsi de suite. Depuis ces dernières années, c’est la conseillère départementale Béatrice Sigismeau, qui occupe le poste de secrétaire départementale même si, dans les faits, c’est surtout Jacques-André Ango dit « Dédé » (délégué de la 4èmecirconscription), fidèle parmi les fidèles de l’ancien patron de la droite, qui fait le job. Béatrice Sigismeau qui, pour info, devrait comparaître en juin prochain en Correctionnelle dans le cadre de l’affaire dite « des fausses procurations » lors des élections départementales de 2021 dans un des cantons de Saint-Pierre.
Si Lorion n’accepte pas de prendre la présidence de « LR », les adhérents pensent légitimement à la sénatrice Viviane Malet (élue municipale à Saint-Pierre et membre du groupe LR au Sénat). Et si cette dernière ne souhaitait pas prendre cette responsabilité, René-Paul Victoria, ancien député-maire de Saint-Denis, pourrait faire l’affaire.
Jeannick Atchapa, maire de Bras-Panon (avec l’écharpe tricolore), Cyrille Melchior, président du Département (micro à la main) et, complètement à droite, sur la photo, Patricia Profil, conseillère régionale (veste à carreaux), candidate aux prochaines municipales dans cette même commune. C’était lundi dernier, lors de l’inauguration de la maison funéraire (1,05 million d’euros dont 840 000 du Département). Une maison qui attend encore une habilitation avant de pouvoir ouvrir ses portes. Inaugurée mais pas encore opérationnelle !
Cyrille Melchior, président du Département, « Président mi aime zot tout », a déjà fait savoir publiquement que ce poste de président de « LR » ne l’intéressait pas même s’il a repris sa carte du parti en avril dernier et même s’il a été le premier à communiquer (avec photo à l’appui) sur sa satisfaction de voir Retailleau élu à la tête de « Les Républicains ».
Cyrille Melchior se réserve, comme je vous l’avais déjà annoncé depuis plusieurs mois, pour présider «Nouvel’ R », le nouveau parti politique composé des départementalistes des droites, des centres (droit et gauche). Un rassemblement de « Nouvel’R est programmé le 7 juin prochain au centre de vacances du Tampon à l’Etang-Salé. Cyrille Melchior sera entouré de tous les maires et autres élus qui composeront le nouveau parti politique. Un parti qui va du Macroniste historique Serge Hoareau (maire de Petite-Ile) aux élus (Augustin Cazal, Sophie Arzal, Bruno Robert) de « Banian » (Parti de Patrice Selly, maire de Saint-Benoit qui, lui, fait partie de la plateforme menée par la socialiste Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis), en passant par des élus Macron-compatibles comme Cyrille Melchior lui-même ou encore Jeannick Atchapa, maire de Bras-Panon.
Jeannick Atchapa qui a eu droit, lundi dernier, lors de l’inauguration de la Maison funéraire de Bras-Panon (qui devrait être opérationnelle dans les jours qui viennent en attendant une nouvelle habilitation) à un véritable coup de brosse à reluire de la part de Cyrille Melchior. Lequel se trouvait en visite à Bras-Panon durant une très grande partie de la journée du lundi 19 mai afin de passer en revue les équipements ayant été financés par le Département dans le cadre du Pacte territorial. Des mots tellement dithyrambiques à l’égard d’Atchapa que Patricia Profil, représentante de la Région et candidate à Bras-Panon aux prochaines municipales, a fini par en rougir.
« Vous avez la chance à Bras-Panon d’avoir un maire comme Jeannick Atchapa », a martelé Melchior. En tant qu’observateur de la vie politique depuis 40 ans, je puis vous affirmer que Cyrille Melchior disait exactement la même chose pour Daniel Gonthier du temps où ce dernier était maire de Bras-Panon (2001 à 2020). Cyrille Melchior aime bien passer la pommade à ses conseillers départementaux de droite, surtout lorsque ces derniers sont également maires. Ce n’est pas Eric Ferrère (Les Avirons) ou encore Bruno Domen (Saint-Leu) qui pourraient me contredire.
Mais en tant que patron de « Nouvel’R », Cyrille Melchior risque d’avoir du mal à concilier certains élus de son propre camp. Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie serait appelé, dit-on, à prendre une des vice-présidences de « Nouvel’R ». Quid de Rémy Lagourgue, jeune conseiller de la majorité départementale mais élu de l’opposition municipale et adversaire patenté de Nirlo aux prochaines municipales ?
Aux Avirons, Cyrille Melchior soutiendra forcément le sortant Eric Ferrère. J’imagine déjà une conférence de presse de soutien à Ferrère aux municipales avec assis sur la même table, Thierry Robert, grand ami du maire des Avirons mais ennemi de Bruno Domen à Saint-Leu ; Domen qui est vice-président du Département et fera également partie de « Nouvel’R ». Aux Avirons, Melchior n’est pas non plus fâché avec l’ancien sénateur macroniste Michel Dennemont (homme de droite centriste qui a été maire de la commune durant 30 ans), ni avec Raymond Mondon (ancien maire des Avirons). Or, tous deux soutiennent Nadia Roche-Lesquelin, aujourd’hui dissidente de Ferrère.
De gauche à droite : Michel Dennemont, Nadia Roche-Lesquelin et Raymond Mondon
Elle a déjà annoncé sa candidature contre l’actuel maire des Avirons. Idem à l’Etang-Salé, où le maire Mathieu Hoarau fera partie de « Nouvel’R ». Sauf qu’aux municipales de 2026, il va se retrouver face à l’ancien maire Jean-Claude Lacouture, ami de Cyrille Melchior pour avoir été dans la majorité départementale pendant longtemps. Quelle sera également l’attitude de Melchior à l’Entre-Deux où le maire de droite Macron-compatible Bachil Valy sera opposé, entre autres, à Camille Clain, conseillère départementale de la majorité et élue de Juliana M’Doihoma à Saint-Louis ? Dans de nombreuses communes, le président du Département, en tant que futur patron de « Nouvel’R », risque fort, à l’occasion des prochaines municipales, de se retrouver dans une position pour le moins inconfortable, un peu comme assis entre deux chaises.
Concernant Saint-Paul, Cyrille Melchior ne souhaite pas y aller. Il paraît que le Président Macron a été déçu d’apprendre cette nouvelle. Le jeune Aurélien Centon m’a confirmé que lui non plus ne postulera pas à la mairie de Saint-Paul. Il a été dit que Didier Robert n’irait pas (plus) aux municipales dans cette commune de l’Ouest. A propos de ce dernier, moi je suis comme Saint-Thomas, j’attends de voir pour croire.
Certes Didier Robert est actuellement pris avec ses affaires judiciaires dont celle du « cabinet pléthorique » de la Région (le procès a été repoussé à novembre prochain en Appel), certes le dossier « David Vital » ne l’avantage pas vraiment, mais l’ancien président de la Région tout comme ses «lieutenants » occupent toujours le terrain à Saint-Paul. Quoi qu’en disent ses adversaires, Didier Robert a gardé un capital confiance au sein de la population réunionnaise. Les Réunionnaises et les Réunionnais n’ont pas oublié « la continuité territoriale » (le financement des billets d’avion par la Région qui leur a permis de voyager), tout comme les parents des lycéens n’ont pas « oublié les ordinateurs gratuits dès la classe de seconde », de même que les automobilistes passent du Nord à l’Ouest et vice-versa aujourd’hui sans se serrer les fesses, totalement à l’abri de se prendre un morceau de « cap » sur la tête, sans compter que nombre de chefs d’entreprises lui sont reconnaissants d’avoir travaillé sur ce chantier.
Tout cela pour dire que si Didier Robert décide de se présenter l’année prochaine à Saint-Paul, il pourrait se contenter d’une courte campagne électorale. En sachant tout de même, que la partie ne sera pas facile en face, car l’actuel maire, Emmanuel Séraphin, ne chôme pas. Bien au contraire ! En tout cas, pour l’instant, Emmanuel Séraphin n’a pas encore d’adversaire déclaré, même s’il est dit qu’au sein de l’écurie Melchior, le jeune Yannick Souprayen-Cavery (suppléant sur la liste Melchior aux dernières départementales et actuel collaborateur au cabinet du président du Département) serait en préparation en guise de relève. Sans doute pour les municipales de 2032 ! De la même façon que j’ai posé plus haut la question à Saint-Pierre (est-ce que Bello souhaite la victoire de K’Bidi/Lebreton ?), je serai tenté de m’interroger pour Saint-Paul (est-ce que Melchior souhaite la défaite de Séraphin ?). Ce ne sont que des questions !
Pas besoin de vous faire un dessin, les partis politiques et leurs leaders respectifs sont déjà dans les starting-blocks des municipales. Ericka Bareigts a restructuré les sections PS ; Après Fabrice Hoarau, Huguette Bello sera aux côtés de Céline Sitouze le 31 mai prochain à Sainte-Marie pour l’annonce de la candidature de sa 8ème vice-présidente à la mairie de Sainte-Marie, qui affrontera le maire sortant Richard Nirlo, le candidat de la droite (vraisemblablement Rémy Lagourgue) ainsi que le socialiste Christian Annette (qui fait également partie de la majorité régionale d’Huguette Bello).
Un Christian Annette qui reste toujours vigilant sur la gestion municipale Sainte-Marienne. A plusieurs reprises, il avait attiré l’attention du maire et de sa majorité sur « l’irrégularité budgétaire ». Richard Nirlo et son DAF et DGS qui se sont emmêlés les pinceaux entre excédent et restes à réaliser et qui fait que la délibération relative au budget 2025 votée en conseil municipal a été modifiée avant d’être envoyée au contrôle de la légalité en préfecture. Il a compté plusieurs millions de restes à réaliser dans l’excédent. Mais dans un communiqué, le maire Nirlo a précisé que la préfecture lui a donné l’autorisation de modifier la délibération du conseil municipal, transformant ainsi la délibération du conseil municipal, instance souveraine, en « faux en écritures publiques ». Avec la complicité de la préfecture ? Plainte a été déposée par Christian Annette auprès de la Justice. Rémy Lagourgue va en faire autant dans les jours qui viennent. Dans leur collimateur : Nirlo évidemment, mais aussi les services de la préfecture.
Tout cela ne semble guère inquiéter Richard Nirlo, qui reste sur son nuage, fort de sa « large victoire » (comme l’a écrit son ancien directeur de cabinet sur Clicanoo) lors du référendum d’initiative citoyenne (RIC) organisé dimanche dernier à Sainte-Marie concernant l’ISDU (centre d’installation de stockage de déchets ultimes) dont l’équipement est prévu de s’installer à Beaufond, un quartier de Sainte-Marie. Nirlo a dit « niet » à SYDNE (Syndicat intercommunal de traitement des déchets du Nord et de l’Est) présidé par Daniel Alamélou. Il est content car « la population » l’a suivi dans son «combat » contre SYDNE. Sur 27 000 électeurs que compte la commune de Sainte-Marie, 10% ont voté, et à 97,74%, ils ont dit non au centre d’enfouissement à Sainte-Marie. 97% sur 10% de votants. «Une large victoire », il n’y a pas à dire !
A Sainte-Marie, le maire poursuit, imperturbable, sa feuille de route. La commune vient de vendre un terrain situé dans le secteur de Duparc à un privé (un chef d’entreprise de Sainte-Suzanne bien introduit à Sainte-Marie). Il serait intéressant de jeter un coup d’œil sur les entreprises que ce dernier a décidé de faire travailler sur ledit terrain (terrassement et autres travaux). Je ne dis ça, je ne dis rien!
Toujours à propos des municipales, un petit mot sur Sainte-Suzanne où les partis politiques et les proches de Maurice Gironcel restent suspendus à la décision qui sera prise par les magistrats de la Correctionnelle de Paris où se déroule depuis ce mercredi après-midi, 21 mai, le procès de l’affaire dite du Sidélec (Syndicat d’électricité présidé par le maire de Sainte-Suzanne). Ses militants craignent surtout une peine d’inéligibilité avec « exécution provisoire ».
Rappelons que Maurice Gironcel est poursuivi pour délit de favoritisme. «Tous les marchés attribués étaient signés le 20 septembre 2022 par Maurice GIRONCEL en sa qualité de président du SIDELEC. Lors de la commission d’appel d’offres, c’est M. GIGAN qui avait présenté le rapport d’analyse des offres dans sa totalité à la commission, alors que d’habitude, lorsqu’un AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) est missionné par le SIDELEC pour effectuer l’analyse des offres, c’est lui qui en effectue la présentation.
En présidant la commission d’appel d’offres qui avait attribué les marchés de la consultation 2022-16 ayant manifestement fait l’objet d’une procédure très irrégulière et en signant les machés en résultant M. GIRONCEL méconnaissait le principe d’égalité de traitement des candidats. Il se rendait coupable de délit de favoritisme. Contrairement à ses déclarations, M. GIRONCEL ne pouvait pas ignorer le caractère irrégulier de la procédure. M. Gironcel ne saurait se retrancher derrière sa supposée ignorance du fonctionnement de sa collectivité pour s’exonérer de toute responsabilité dans la passation de cette procédure de marché irrégulière. A ce sujet, il convient de rappeler qu’un un maire a été condamné pour complicité d’atteinte à la liberté d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics, alors qu’il estimait ne pas être responsable dans la mesure où il avait seulement apposé une signature sur un acte décidé par son adjoint. Il a été sanctionné au motif qu’il lui appartenait dès lors qu’il signait de procéder à un contrôle », peut-on y lire dans le rapport du Parquet national financier (PNF). Il est question de « corruption passive ».
Rappelons que Maurice Gironcel a déjà été condamné à trois reprises (condamnation du 24 avril 2008 par la Cour d’appel de Saint-Denis de la Réunion à 4 mois d’emprisonnement assortis du sursis simple, 2 000 euros d’amende et privation du droit de vote pour 1 an pour détournement de biens publics; Condamnation du 24 avril 2008 par la Cour d’appel de Saint-Denis de la Réunion à 8 mois d’emprisonnement assortis du sursis simple, 5 000 euros d’amende et privation du droit de vote pour 1 an pour favoritisme et détournement de biens publics et condamnation du 22 octobre 2010 par le tribunal correctionnel de Saint-Denis de la Réunion à 1 an d’emprisonnement assortis du sursis simple, privation du droit de votre pour 2 ans pour détournement de biens publics. Je suppose qu’Eddie Richard, qui a déjà déclaré sa candidature à la mairie de Sainte-Suzanne, doit également suivre de très près ce procès. Tout comme Alexandre Laï Kane Chéong (Alek). Si Maurice Gironcel tombe sous le coup de l’exécution provisoire, il pourra se sentir « libéré » du deal passé avec la plateforme réunionnaise lors des dernières législatives dans la 6ème circonscription. Ils seront tous fixés le 27 mai prochain, à l’issue du procès.
Dans toutes les communes de l’île, les candidates et candidates affûtent leurs armes pour 2026. Je vous le disais, nous allons vivre une période compliquée qui sera faite de tentatives de manipulations, d’instrumentalisations à des fins politiciennes, de ragots, de mensonges, de polémiques. Nous avons eu un exemple pas plus tard que ce mercredi 21 mai. Une dame qui, anonymement (bien sûr !) appelle Radio Free Dom pour expliquer que les élèves d’une école de Ravine-Creuse à Saint-André « ont été privés de repas chauds le midi».
« Complètement faux ! », a dû intervenir sur notre antenne Laurent Papaya, adjoint au maire de Saint-André, délégué aux affaires scolaires, afin de stopper « le mensonge ». Juste avant l’intervention de l’adjoint, aussi rapide que l’éclair, un des candidats en lice à Saint-André, Eric Fruteau, avait déjà posté sur son Facebook la capture d’écran de l’article (avec le podcast) fait sur le témoignage de la dame « militante ». C’est bizarre car en temps normal, Eric Fruteau (ancien maire de la commune de 2008 à 2014) a toujours « zappé » freedom.fr pour ses communiqués (il privilégie tous les autres médias), mais pour une fois, il a été fan de freedom.fr. Quand ça l’arrange ! Je constate qu’Eric Fruteau qui a été si prompt à publier l’article relatif au témoignage de la (« sa » ?) militante a toutefois oublié de poster sur son Facebook le démenti de Laurent Papaya, l’élu de la majorité municipale. On aura l’occasion de reparler des municipales à travers nos articles à venir.
Quelques photos pour finir et pour vous montrer, si besoin était, que nous vivons vraiment dans un monde d’hypocrites. On y voit le Président de la République Emmanuel Macron et le patron de GBH, Bernard Hayot enlacés et se faisant la bise. Je n’en dis pas plus. Les photos parlent d’elles-mêmes. Quand je vous dis, et je l’écris depuis des lustres, que ce n’est pas demain la veille que les prix baisseront dans les grandes surfaces dans les Dom, que les ministres qui luttent soit-disant contre la cherté de la vie en Outre-mer sont des pantins, que les gouvernements quel qu’ils soient ne s’attaqueront jamais aux « gros » qui font du beurre sur le dos des « gueux » que nous sommes dans les anciennes colonies, vous me prenez pour un Charlot. Je vous avais déjà donné l’exemple d’Yves Jégo, ministre des Outre-mer qui s’est fait couper la tête pour avoir osé… Il n’a pas eu le temps d’agir. Il a été foutu à la porte suite à un coup de fil des grands patrons (qui tiennent l’économie dans leurs mains) au Président de l’époque. Ça fonctionne comme ça. Pas difficile à comprendre. Ces gens-là (patrons du CAC 40 qui font plusieurs centaines de millions voire des dizaines de milliards de bénéfices) financent les campagnes électorales des puissants qui nous dirigent, parce que vous savez bien qu’on n’attrape pas les mouches (les électeurs, électrices que nous sommes) avec du vinaigre.
Nos parlementaires (certains) auront beau crier au scandale comme s’ils avaient vu le diable en pyjama, et pourtant, il n’y a rien de surprenant, à moins de jouer aux naïfs pour encore plus tromper l’électorat. Personne n’est dupe. Moi, en tout cas, ces photos ne me surprennent pas du tout. Attention, je ne dis pas que j’adhère à cette remise de breloque, à ce hissage de certains grands patrons au rang de Grand Officier de la Légion d’Honneur, je dis que plus rien ne me surprend dans ce monde d’hypocrites. Pareil, quand j’apprends que certaines collectivités accordent des millions à des capitalistes, patrons de sociétés privées voire familiales ou déclassent des centaines d’hectares de terrain au profit de grands promoteurs fonciers et immobiliers mais toujours au détriment de « Monsieur et Madame Grondin » les ti créoles. Je vous le redis, on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre. Concernant Macron/Hayot, j’ai bien aimé la réplique de la députée Emeline K’Bidi à l’Assemblée nationale; Elle leur a décerné la médaille du cynisme (voir la vidéo ci-dessous) :
https://www.facebook.com/watch/?ref=embed_video&v=1075719657939917
Un monde d’hypocrites vous disais-je : j’ai d’autant plus ce sentiment quand je vois à la télé ce qui se passe à Gaza. Gaza qui s’enfonce dans l’enfer humanitaire face à la communauté internationale qui continue de se draper dans des principes qu’elle applique à géométrie variable. Ce qui s’y déroule en Palestine — bombardements massifs, siège total, morts civiles par milliers — ne suscite pas l’action politique proportionnée à l’urgence. Pis encore : il révèle une hypocrisie systémique, une faillite morale. Gaza n’est pas seulement une tragédie ; c’est un miroir brisé où se reflète l’échec de l’ordre international. Je constate que l’indignation internationale est très sélective.
En effet, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, les grandes capitales occidentales ont unanimement dénoncé l’agression, mobilisé les médias, et pris des sanctions historiques au nom du droit international. Mais lorsque des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés sont pulvérisés à Gaza, les réactions sont prudentes, souvent ambiguës, voire complices par leur silence. Pourquoi ce deux poids deux mesures si criant ? Il est légitime de condamner les attaques contre des civils israéliens, mais pourquoi la même fermeté ne s’applique-t-elle pas aux violations systématiques des droits des Palestiniens ? Pourquoi les crimes présumés commis à Gaza ne suscitent-ils pas les mêmes enquêtes internationales, les mêmes sanctions, les mêmes appels à la justice ? C’est malheureusement le droit international à sens unique.
Le droit humanitaire interdit clairement le ciblage des civils, l’usage disproportionné de la force, et les punitions collectives. Or, depuis des années — et plus encore lors des offensives récentes — des ONG indépendantes comme Human Rights Watch, Amnesty International ou B’Tselem dénoncent des violations flagrantes à Gaza. Pourtant, les institutions internationales restent largement paralysées. Les résolutions de l’ONU sont bloquées, édulcorées ou ignorées. La Cour pénale internationale hésite à agir, freinée par les pressions politiques.Ce déni de justice nourrit un sentiment d’injustice abyssal. Comment croire à l’universalité des droits humains si leur application dépend de l’identité des victimes et des intérêts géopolitiques des puissants ? Ce silence n’est pas neutre : il est complice. Il donne carte blanche à ceux qui bombardent, affament, assiègent. Il légitime une impunité qui semble sans fin. Il ne s’agit pas pour moi de choisir un camp, mais de défendre un principe : la vie humaine ne peut pas avoir une valeur variable selon le passeport ou le contexte géopolitique. Gaza n’a pas besoin de pitié. Elle a besoin de justice. Et tant que la communauté internationale continuera de regarder ailleurs — ou de détourner les yeux — elle sera, à son tour, responsable. Tant que la communauté internationale continuera à glorifier les pitreries de Trump et à se courber devant les Etats-Unis considérés comme le gendarme de la planète, elle sera également coupable de ce génocide. L’humanité est trop souvent piétinée à des fins politiciennes !
Y.M
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