Assemblée nationale, 15 mai 2025 – Le député de La Réunion, Philippe Naillet, a exprimé son profond regret après le retrait de la proposition de loi visant à étendre l’Aide médicale d’État (AME) à Mayotte, qui devait être débattue dans le cadre de la niche parlementaire du groupe LIOT.
Une occasion manquée pour aborder la réalité du système de santé mahorais
Alors que l’île de Mayotte traverse une crise sanitaire majeure, le retrait du texte prive le Parlement d’un débat essentiel sur les conditions d’accès aux soins pour les plus vulnérables. Selon Philippe Naillet, l’absence d’AME sur le territoire oblige aujourd’hui le Centre Hospitalier de Mayotte (CHM) à prendre en charge les patients étrangers en situation irrégulière sans soutien financier structuré, ce qui met en péril son fonctionnement déjà précaire.
Le député réunionnais rappelle que le système de santé mahorais est à bout de souffle, aggravé récemment par le passage du cyclone Chido, et que l’Aide médicale d’État constitue une mesure de justice sociale que le gouvernement a, une fois de plus, renoncé à mettre en place.
Des annonces gouvernementales jugées insuffisantes
Le ministre de la Santé a annoncé l’ouverture, d’ici juillet, d’un guichet unique pour les évacuations sanitaires (EVASAN). Si cette mesure est saluée comme un premier pas, Philippe Naillet considère qu’elle reste très insuffisante pour répondre à l’ampleur des besoins à Mayotte.
Il s’interroge également sur la portée réelle du “plan d’attractivité” évoqué pour les professionnels de santé, soulignant le manque de visibilité du gouvernement actuel, dont la stabilité est incertaine.
Une pression accrue sur le système de santé réunionnais
Autre point d’inquiétude : ces évacuations sanitaires seront d’abord dirigées vers La Réunion, puis vers l’Hexagone. Or, depuis que l’hôpital réunionnais est devenu un CHU, le nombre d’EVASAN a été multiplié par quatre, sans renforcement proportionnel des effectifs ou des moyens financiers.
Dans un contexte déjà marqué par l’épidémie persistante de chikungunya et les conséquences du cyclone Garance, Philippe Naillet appelle à une application équitable du principe de solidarité nationale. Il estime que le système de santé réunionnais ne peut pas indéfiniment absorber les manques structurels d’un autre territoire, aussi légitimes soient-ils.
Pour une politique de santé équilibrée et digne
En conclusion, le député rappelle que l’externalisation de la santé des Mahorais ne saurait constituer une solution pérenne. Tous les citoyens, où qu’ils vivent, doivent pouvoir accéder à une offre de soins digne et complète sur leur territoire.
Il appelle à mettre fin à une logique budgétaire qui continue de sacrifier la santé publique au nom de l’austérité. Il s’est engagé à rester particulièrement vigilant lors des prochains débats budgétaires afin que les moyens à la hauteur des enjeux soient enfin mobilisés.
« La santé ne peut plus être la variable d’ajustement des choix politiques. Elle doit redevenir une priorité nationale, partagée entre tous les territoires de la République. » – Philippe Naillet, député de La Réunion (1ʳᵉ circonscription)
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