Lors de la Commission Permanente du mercredi 14 mai, les élus départementaux de Saint-Denis ont été saisis, dans l’urgence, d’un projet de décret gouvernemental visant à durcir les sanctions envers les bénéficiaires du RSA. Une initiative que Monique Orphé, soutenue par ses collègues du groupe socialiste, a fermement dénoncée, dénonçant une dérive punitive contraire à toute logique d’accompagnement social.
Un texte imposé sans concertation
Ce projet de décret, transmis à peine quelques heures avant la séance, aurait dû faire l’objet d’une consultation sérieuse, déplore Monique Orphé. Or, selon elle, tout semble avoir été verrouillé en amont : les élus ont été sollicités non pas pour discuter ou enrichir le texte, mais simplement pour valider une orientation déjà décidée par l’État.
Le texte en question a d’ailleurs été rejeté par le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), qui a émis un avis défavorable. Le CNLE s’alarme d’une vision répressive du traitement du chômage, aux antipodes des principes de justice sociale, de dignité humaine et de soutien aux plus fragiles.
Une logique de punition, pas de solution
Pour Monique Orphé et les élus socialistes de Saint-Denis, ce décret s’inscrit dans une spirale d’attaques répétées contre les plus modestes, amorcée depuis l’adoption de la loi dite « plein emploi », en vigueur depuis début 2025. Depuis plus de trois ans, ils alertent sans relâche le gouvernement sur ses effets délétères. Le silence a été la seule réponse, remplacé aujourd’hui par une procédure expéditive et un passage en force.
Les élus dénoncent un modèle de sanction uniforme, déconnecté des réalités locales. À La Réunion, où les fragilités socio-économiques sont structurelles, le RSA représente bien plus qu’une aide : il est un filet de sécurité vital, un levier de dignité pour les familles et un pilier de l’économie locale.
Des aides supprimées, des droits menacés
Dans le même temps, les outils d’insertion sont progressivement démantelés. La suppression des contrats aidés (PEC), la réduction des moyens dédiés aux jeunes, et le sabrage des politiques d’accompagnement participent d’une stratégie globale de démantèlement du service public de l’emploi. Et dans ce contexte de précarisation croissante, durcir les sanctions contre les allocataires du RSA revient à frapper les plus vulnérables.
Pour les élus, refuser cette logique punitive, c’est affirmer une autre vision de l’action publique : solidaire, inclusive, fondée sur la formation, l’investissement économique local et l’accompagnement individualisé. Il ne suffit pas, martèlent-ils, de « traverser la rue pour trouver un emploi » : encore faut-il créer des opportunités, soutenir les acteurs de l’insertion et garantir l’accès effectif aux droits.
Un risque de rupture sociale majeure
En appliquant ce décret sans discernement, le gouvernement risque d’aggraver la situation sociale à La Réunion. Selon Monique Orphé, les conséquences pourraient être graves : ruptures d’accès aux droits, hausse du non-recours, pauvreté extrême et désengagement durable des publics en difficulté. Tout ce qui a été construit pour sortir les familles de la précarité pourrait être anéanti.
Un appel à revoir la copie
Plus que jamais, Monique Orphé et ses collègues appellent solennellement l’État à sortir de cette logique de punition, et à revenir à une véritable politique d’accompagnement, respectueuse des personnes et des territoires.
Ils demandent des moyens humains et financiers concrets pour reconstruire un parcours d’insertion solide, individualisé, et adapté aux défis réels des demandeurs d’emploi.
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