Un pays où le gouvernement nous « pompe » déjà plus de 40% de ce que nous gagnons de notre vivant et même de ce que nous avons économisé, avant de mourir et qui, malgré tout, se retrouve endetté à plus de 3 000 milliards; Un pays où le Parlement n’a plus de majorité… Bref, Emmanuel Macron va nous rendre une petite visite la semaine prochaine. Bienvenue monsieur le Président ! Il passera par Mayotte le lundi 21 avril, avant de séjourner à la Réunion les 22 et 23 ; Il s’envolera ensuite pour Madagascar où se tiendra le sommet de l’océan Indien et achèvera sa tournée de cinq jours dans l’océan Indien par une visite à l’île Maurice. Les services de l’Etat et nos élus se préparent donc à accueillir Emmanuel Macron, le président d’un pays complètement « oki ».
Le Président de la République passera par Mayotte le lundi 21 avril avant d’arriver chez nous le lendemain
« Oki » ou « na pu l’arzent » en créole veut dire « sur la paille », « endetté », « les caisses vides ». Ce n’est pas moi qui le dit, c’est François Bayrou, Premier ministre en personne qui, mardi dernier, 15 avril, a tenu une conférence de presse un tantinet « cassante » pour le moral (déjà bien à plat) des Français (Réunionnais et tous les ultramarins y compris bien entendu). Nous sommes toutes et tous pris sur le même bateau, qui va à la dérive financière, à en croire le chef du gouvernement. Lequel a appelé à « une prise de conscience collective ».
Rien de réconfortant en tout cas de la bouche du Premier ministre : aggravation de la dette globale (3 305, 3 milliards d’euros) en 2024 (soit 113% du PIB). Une dette qui pourrait atteindre 100 milliards d’euros annuels d’ici à 2029 (dans quatre petites années). Il a dit : « si les taux d’intérêt explosent, nous allons être étouffés, c’est l’explosion assurée et aucun gouvernement ne résistera ; La France est au bord du surendettement, la situation est critique ». Avouez que ça fout la trouille !
Il faudra réduire le déficit. Comment ? En faisant des économies, en demandant, une fois de plus aux Français, pas forcément les plus riches, de se serrer la ceinture (jusqu’à étouffement ?). Eric Lombard, ministre de l’Economie, a clairement fait comprendre de qu’il va falloir vite trouver entre 40 et 50 milliards d’euros d’économies pour essayer de redresser la barre.
Même question : comment ? En réduisant les dépenses publiques à hauteur de 6% d’ici à 2029 (plus facile à dire qu’à faire car il ne faut pas trop bousculer le train de vie confortable de ceux qui nous dirigent et gouvernement) et en tapant un peu beaucoup aussi dans le portefeuille des plus pauvres, des plus précaires (plus facile à faire qu’à dire).
Il est prévu en effet d’ouvrir le débat sur l’abattement fiscal de 10% des retraités, sans compter qu’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage est également dans les tuyaux. « L’heure de vérité est arrivée, la France joue sa crédibilité », a dit Le Premier ministre, qui envisage par ailleurs la mesure de réduction du « mille-feuille territorial », à savoir la complexité de l’organisation administrative du territoire français, tous ces nombreux niveaux de collectivités qui se superposent et qui engendrent chaque année des dépenses supplémentaires, soit plus de 7 milliards d’euros chaque année.
Là aussi, plus facile à dire qu’à faire. Tous les élus et acteurs locaux seront associés à cette réflexion sur les efforts à faire (encore) en matière budgétaire. Une réunion a déjà été programmée au 6 mai. Concernant les mesures concrètes, on devrait en savoir plus d’ici au 14 juillet prochain, François Bayrou ayant décidé de faire des annonces le jour de la fête nationale.
C’est donc dans ce contexte budgétairement gravissime que nos élus ainsi que les acteurs économiques et associatifs s’apprêtent à accueillir, la semaine prochaine, le Président de la République Emmanuel Macron, le président d’un pays surendetté. Après son dernier séjour qui remonte à 2019, juste après la crise des Gilets Jaunes, le chef de l’Etat sera de retour à la Réunion.
Le programme officiel n’a pas encore été arrêté, mais on peut supposer que le Président débutera sa tournée réunionnaise par les visites protocolaires : ville de Saint-Denis, préfecture, Département, Région… Emmanuel Macron serait attendu dans plusieurs communes parmi lesquelles le Tampon, Saint-Benoit, Sainte-Marie (tous des maires qui l’avaient parrainé lors de la dernière présidentielle !) où il sera beaucoup question de l’après-Garance, de l’emploi, de la jeunesse, de la sécurité alimentaire et du Chikungunya (la Réunion est actuellement confrontée à une véritable épidémie).
Comme d’habitude, on va montrer au Président de la République, tout ce qui va bien, tout ce qui fonctionne à merveille…
Un petit déplacement qui, à l’instar de tous les autres voyages présidentiels, devrait coûter aux contribuables, en moyenne, entre 150 à 200 000 €. C’est le chiffre qui avait été relevé par la Cour des Comptes dans son rapport d’août 2024, qui avait épinglé l’Elysée pour ses dépenses. Des dépenses qui avaient atteint la somme de 21 millions d’euros en 2023 contre 13,3 millions d’euros en 2022 et 9,87 millions d’euros en 2021, soit un déficit de 8,3 millions d’euros entre 2022 et 2023. Bayrou et Lombard auront du souci à se faire car économie ne semble pas rimer avec Elysée.
Macron, vous disais-je passera par Mayotte, avant de venir à la Réunion, afin de se rendre compte de l’avancement des travaux de « reconstruction » de l’île après le passage du cyclone destructeur Chido en décembre dernier. Mais à en croire la députée mahoraise Estelle Youssoufa, « il n’y a toujours aucune reconstruction 5 mois après Chido ». La loi-programme en faveur de Mayotte votée en urgence en février dernier va seulement maintenant être débattue au Parlement. Les Mahorais ne sont apparemment pas sortis de l’auberge !
Les Réunionnais non plus, d’autant que le passage du cyclone Garance est plus récent. Cela ne va pas empêcher nos élus locaux de réserver un accueil républicain et sans doute chaleureux au Président de la République, le même que celui qui a été réservé récemment à Manuel Valls (Outre-mer) et à Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique, Pêche et Mer).
C’est normal, les Réunionnais ne sont pas des sauvages, ils savent recevoir. Il est fort à parier que Cyrille Melchior, le président du Département « cassera l’armoire » pour en sortir son plus beau costume ; Idem pour Huguette Bello qui a sûrement déjà mis de côté son plus beau tailleur avec écharpe et chaussures assorties. Ça fait toujours chic pour un élu de s’afficher aux côtés d’un Président de la République (même si lui n’a jamais eu de mandat local). Quelle que soit son obédience politique, en bon républicain qui se respecte, ça reste un honneur d’accueillir le premier de tous les Français (le premier de la cordée politique). Des risettes politiques et autres courbettes chevaleresques, il va y en avoir. Attention aux blocages des mâchoires et aux courbatures !
Comme d’habitude, sur nos routes spécialement dégagées de toute circulation intempestive pour l’occasion, nos élus, accompagnés du préfet et quasiment de tous les hauts fonctionnaires de la préfecture, emmèneront le chef de l’Etat voir tout ce qu’il y a de bien et de beau, tout ce qui fonctionne (grâce aux aides de l’Etat), tout ce qui est propre (les sites, dans le cadre de la lutte contre les moustiques vecteurs du Chikungunya), les services hospitaliers qui, sous l’égide de l’ARS, roulent comme sur des roulettes, l’armée en pleine action sur le terrain. C’est notre résilience qui veut ça !
Malgré tout, quelqu’un, de la direction du CHU par exemple ou un élu, aura-t-il le courage (pour ne pas dire le culot) de dire au Président de la République, qu’avant même cette épidémie et plus que jamais, en raison justement de ladite épidémie, les personnels soignants et non-soignants sont complètement débordés, dépassés par les évènements, que les arrêts maladie sont pléthores par les temps qui courent ?…
Il n’y a peut-être plus assez de PEC, mais ça n’empêche pas de danser le maloya.
Est-ce qu’un ou une élue osera interpeller Emmanuel Macron sur tout ce qui ne va pas à la Réunion, sur les PEC (Parcours Emplois Compétences) où doit-on considérer qu’avec Manuel Valls, venu en éclaireur, nos élus ont déjà obtenu satisfaction ? Manuels Valls qui avait déclaré que le gouvernement n’ira pas au-delà de 10 000 contrats de 6 mois aidés par l’Etat à hauteur de 50% (contre 12 000 contrats d’un an, financés à 63% l’année dernière). Faut croire que nos élus y ont trouvé leurs comptes : mercredi 2 avril, ils manifestaient leur colère devant la préfecture en traitant le gouvernement de tous les noms d’oiseaux. Dimanche 6 avril, au Musée de Villèle à Saint-Gilles-les-Hauts, ils (Cyrille Melchior, Patrica Profil, Béatrice Sigismeau…) « crasaient » le maloya avec Valls et le préfet Patrice Latron. « Craser » étant un grand mot car, hormis Patricia Profil, tous les autres ont dansé le maloya comme moi je danse la Polka. Quatre jours auparavant, Melchior et Sigismeau venaient d’enterrer Michel Fontaine, l’ancien maire de Saint-Pierre et patron de la droite. Je referme la parenthèse.
Revenons à la visite présidentielle ! Est-ce qu’Huguette Bello va faire du rentre-dedans à Macron comme elle l’a fait le dimanche 13 avril à la Nordev au Chypriote Costas Kadis, commissaire européen en charge de la pêche, pour prendre la défense des pêcheurs artisans histoire de caresser dans le sens du poil les adhérents de l’AVAAE et du CRPMEM. La présidente de Région qui, tout en tapant du poing sur la table aux côtés des petits pêcheurs – lesquels avec leurs petits bateaux vétustes (6-12 mètres non financés par l’Europe) souffrent de la concurrence quasi-déloyale des usiniers – a accordé le 7 février dernier une aide financière de 5 millions d’euros à Jacques de Chateauvieux, patron de la société privée (familiale) Sapmer. Une décision qui, rappelons-le, fait toujours débat.
Sur cette photo de Kurtrine Albert publiée dans « Nation/Seychelles », on voit Wilfrid Bertile, conseiller régional et administrateur de la Sapmer visiter un thonier de la Sapmer aux Seychelles lors de la visite du ministre Thani Mohamed-Soihili à Victoria.
Rappelons que deux recours ont été déposés au Tribunal administratif de Saint-Denis par deux armateurs, à savoir « Pêche Avenir » et « Cap Bourbon ». Ces derniers estimant que cette subvention résulte d’une délibération « illégale » prise par une commission permanente « incompétente » en la matière. Sans compter qu’ils laissent entendre que « cet argent était destiné aux PME » mais qu’en fin de compte, « il a bénéficié à une entreprise qui n’en est pas une PME ».
Huguette Bello, présidente de la Région Réunion, aux côtés d’Agnès Pannier-Runacher, aujourd’hui ministre de la Transition écologique, de la Mer, de la Pêche, ancienne administratrice du Groupe Bourbon, présidé par Jacques de Chateauvieux. Le monde est petit…
Les deux armateurs ont fait savoir qu’ils allaient saisir la commission européenne ; Ils suspectent qu’une partie de cette aide financière de la Région « puissent servir à l’achat de navires neufs » au profit de la Sapmer. Selon eux, « la Région a acheté les actions, trop chers, c’est-à-dire un an après les autres actionnaires ; La recapitalisation de la Sapmer datant de 2024. Au moment de l’achat des actions par la Région, en février 2025, le contexte n’était plus du tout le même, les quotas de légine ont baissé. Est-ce que la Région a tout dit à la Commission de participation et de transfert (CPT) ? », s’interrogent-ils. A suivre !
Cyrille Melchior candidat aux municipales à Saint-Paul ?
Je pense qu’en dépit du contexte budgétaire national très contraint, nos élus se contenteront, à l’instar du sénateur Macron-compatible Stéphane Fouassin, de dire au Président de la République d’épargner s’il vous plaît les régions ultramarines en général et la Réunion en particulier de ce plan drastique d’économies qu’a annoncé le Premier ministre pour l’année 2026. Voici ce qu’écrit Stéphane Fouassin : « à La Réunion, comme dans d’autres territoires, les défis sont majeurs : la propagation d’épidémies, les conséquences durables des cyclones trop fréquents, le coût de la vie plus élevée, et une crise sociale persistante. Le quotidien de nos concitoyens est marqué par une vulnérabilité structurelle qui ne peut être ignorée. Dans ce contexte, toute baisse pour 2026 des crédits alloués à l’Outre-mer serait non seulement injuste, mais contre-productive. Faire peser la charge du redressement sur des populations déjà en tension reviendrait à compromettre l’équilibre social, la santé publique, l’éducation, et les dynamiques de développement local. Je demande donc solennellement que le budget de l’Outre-mer fasse l’objet d’une sanctuarisation stricte dans les arbitrages à venir. La responsabilité impose la rigueur, mais la justice commande l’équité ». Difficile de faire plus gentillet !
Tout se passera bien pendant la visite présidentielle. Les Réunionnais ne sont pas rancuniers. Même si Macron les a « snobés » lors de la dernière campagne électorale pour la présidentielle en ne venant pas à la Réunion – contrairement aux autres ténors de la politique nationale comme Mélenchon, Le Pen …- nos élus lui dérouleront le tapis rouge, selon nos bonnes vieilles traditions républicaines. Et c’est tant mieux ! Les temps sont déjà assez difficiles, comme ça. D’ici à mardi prochain, nous, journalistes, on se prépare à recevoir une avalanche de communiqués de presse provenant de divers organismes (souvent financés par l’Etat) pour attirer l’attention du « PR » (Président de la République, c’est comme ça qu’on dit dans le jargon technique, pour se mettre en avant (bref, pou fé l’intéressant, comme on dit en créole). Des communiqués également de la part des syndicats pour, a contrario des élus et des organismes « ripolineurs », dénoncer tout ce qui ne va pas. Ainsi va une visite présidentielle, sans doute la dernière d’Emmanuel Macron, à la Réunion, avec sa casquette de chef d’Etat.
De gauche à droite : David Lorion, maire de Saint-Pierre; Cyrille Melchior, président du Département et Patrice Thien-Ah-Koon, maire du Tampon
On continue à parler politique. De la droite locale, précisément. Je vous avais annoncé depuis quelques temps un deal passé entre Cyrille Melchior et Didier Robert pour les prochaines municipales de 2026 à Saint-Paul. Tout semblait être calé. Didier Robert étant d’accord pour candidater. Mais depuis qu’un de ses proches a été interpelé et entendu par la police dans le cadre de l’enquête concernant notamment Air Austral, Didier Robert, déjà lui-même visé par au moins deux affaires judiciaires, aurait changé d’avis.
Aux dernières nouvelles, Cyrille Melchior se tâte beaucoup. Il multiplie les rencontres. Tout laisse à penser qu’il pourrait se présenter en tant que candidat de la droite unie aux prochaines municipales à Saint-Paul. En espérant que Jean-Yves Morel accepte de rentrer dans les rangs. Cyrille Melchior l’avait ouvertement soutenu lors des dernières législatives dans la deuxième circonscription. Or, Morel s’est pris une rouste. Il a même terminé loin derrière Erick Fontaine, le monsieur de la CNL. Un résultat qui devrait lui servir de leçon. Toute tentative de sa part n’aurait que pour seule conséquence, la division de la droite et du centre à Saint-Paul où, me dit-on, Joseph Sinimalé ne cesse « battre le terrain ». Pour qui ? Allez savoir ! L’ancien maire, n’est pas éligible.
Cyrille Melchior candidat à Saint-Paul ? Ça reste une possibilité. Mais Cyrille Melchior est aussi appelé à jouer un rôle prépondérant au sein de la droite locale, en raison de la disparition de Michel Fontaine. On le voit beaucoup dans le Sud, actualité politique oblige. A Saint-Pierre, souvent. Aux côtés de David Lorion, nouveau maire, élu en interne, depuis le 10 avril dernier. Aux côtés de Patrice Thien-Ah-Koon aussi. Ce dernier, qui prend son job très au sérieux au Tampon, devra peser dans les prochaines discussions pour la reconstruction de la droite locale.
Elu maire en interne, au sein du conseil municipal, tout comme David Lorion, Patrice Thien-Ah-Koon entre aujourd’hui parfaitement dans le costume de maire que lui a laissé son père André. La politique tamponnaise, il en connaît un rayon. Depuis qu’il était encore dans son berceau. Il a été à bonne école avec son papa. Aujourd’hui, il sait s’adapter à toutes les situations : il danse avec les personnes de la troisième jeunesse, chante avec les plus jeunes, se met aux percussions, prie avec les catholiques, applaudit la danse du dragon, se passionne pour les tambours, fustige les services de l’Etat, réclame à l’instar de Patrice Selly le pouvoir d’attribution de logements sociaux… Un élu de proximité dans toute sa splendeur. Dans ce registre, nul doute que son nouveau collègue de Saint-Pierre, David Lorion, aurait tout à gagner à s’en inspirer. Force est de constater, qu’il a déjà commencé, en se déplaçant sur tout ce que la ville de Saint-Pierre organise dans le domaine évènementiel ou encore sur des manifestations culturelles ou cultuelles.
J’ai comme le sentiment que la mort de Michel Fontaine a « libéré » la droite locale
En tout cas, avec l’association des maires départementalistes présidée par Olivier Rivière et tous les autres élus des droites et des centres, y compris Juliana M’Doihoma, maire de Saint-Louis, Cyrille Melchior a compris que le moment est venu de redonner une âme à la droite locale. Une droite locale qui, il faut le reconnaître, était en panne en raison de certaines crispations internes liées à la façon de faire de son ancien leader. La méthode de l’ancienne école, celle du « je décide, vous suivez, sinon, ça passe ou ça casse ». Ou plutôt, si vous n’êtes pas d’accord, je vais vous ignorer et vais vous créer la vie difficile.
Cyrille Melchior en sait quelque chose, pour sa majorité au Département. Juliana M’Doihoma aussi, à la Civis (dossier Semittel). En fait, il n’y avait pas d’opposition politique entre elle et Michel Fontaine, mais une divergence de vue sur certains dossiers du Grand Sud. Sauf que, certains individus, et notamment les anciens, les barons » partent du principe que « si tu ne penses pas comme moi, tu es contre moi ». Cela dit, personne ne pourra contester l’immense travail accompli par l’ancien maire de Saint-Pierre pour sa commune, ni même son rôle qui a été souvent déterminant pour arracher telle ou telle collectivité à l’adversaire. Une page s’est tournée. Paradoxalement, j’ai comme le sentiment que le décès de l’ancien président de « LR » semble avoir « libéré » la droite locale, aujourd’hui prête (y compris les Macron-compatible) à s’unir autour de Cyrille Melchior, sans craindre un éventuel retour de bâton.
Idem pour les maires de la Civis qui se sont « décrispés » et qui, à compter de jeudi prochain (24 avril), au terme de l’élection de David Lorion, feront bloc avec leur nouveau président. Une union qui va au-delà de la Civis et qui s’étend à la Casud, présidée par Jacquet Hoarau et au Syndicat mixte de Pierrefonds, présidée par Patrice Thien-Ah-Koon. Le Grand Sud prêt pour un nouveau décollage avec un axe fort Tak-Lorion et tous les autres maires des deux intercommunalités.
La droite et le centre, que ça soit à l’échelle du Grand Sud ou à celle du département, ont surtout compris qu’ils n’ont pas droit à l’erreur et que l’heure devrait être à la restructuration, avant les prochaines municipales. Huguette Bello, Patrick Lebreton, Ericka Bareigts, les ténors de la gauche locale, veillent au grain. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe à Saint-Pierre.
Patrick Lebreton, maire de Saint-Pierre ? Quand Réunion la 1ère s’emmêle les pinceaux !
Emeline K’Bidi attaque dur. Parfois avec maladresse. « Le maire en attendant… » ou encore « Mangé cochon », c’est un peu fort de café, à mon sens.
Vu sur la page Facebook d’Emeline K’Bidi, qui accuse le RN de Jonathan Rivière et LR de marcher main dans la main.
De même que tout le spectacle qui a suivi l’élection en interne de David Lorion, le 10 avril dernier, avec remise de l’écharpe tricolore par sa maman (une dame au demeurant charmante), était un peu osée, à mon humble avis. Ce n’était qu’une élection par ses pairs, qui plus est à 15 jours seulement de la mort de Michel Fontaine. Lolita, l’épouse de l’ancien maire était présente dans la salle. Elle aurait pu se passer des éclats de rires, des applaudissements, des grandes accolades et tout le tintouin qui a pu, à un certain moment, friser l’indécence. Ce n’était pas une vraie victoire à l’issue d’un scrutin au suffrage universel direct. Ça viendra, qui sait !
David Lorion, élu maire de Saint-Pierre en interne le 10 avril, sera élu président de la Civis le 24 avril prochain. Ce jeudi 17 avril, comme nous vous l’avions annoncé en début de semaine, l’ensemble des adjoints élus en 2020 sont restés à leur poste respectif.
Via ses nouvelles fonctions politiques, on peut considérer David Lorion comme étant déjà en campagne. Les militants « LR » (jeunes et moins jeunes) se mobilisent déjà. Ceux de la 4ème circonscription se réunissent tous les mercredis à 17h30. David Lorion est passé leur faire un coucou ce mercredi. Emeline K’Bidi s’active également sur le terrain. La députée de la 4ème et son dalon du Tampon, Alexis Chaussalet, animeront une réunion à Dassy le 27 avril prochain. La petite protégée de Lebreton et le petit protégé de Bello, qui lui colle aux talons quasiment partout (à la veillée mortuaire de Michel Fontaine) et à la messe chrismale du mardi 15 à la Plaine-des-Cafres (ils sont arrivés dans la même voiture), ont bien l’intention de prendre respectivement Saint-Pierre et le Tampon aux municipales de 2026.
Normane Omarjee, conseiller de la majorité régionale, élu sur la liste d’Ericka Bareigts
Qu’en pense Ericka Bareigts, la patronne du PS local, sachant que le conseiller régional, élu sur sa liste en 2021, à savoir l’avocat Normane Omarjee(Société civile) est de plus en plus sollicité depuis le décès de Michel Fontaine. S’ils n’étaient pas du même bord politique, il existait un respect mutuel, pour ne pas dire une vraie amitié, entre l’avocat, habitant de Saint-Pierre, et son client (dans plusieurs dossiers), maire de la commune. Rien ne dit aujourd’hui qu’un Normane Omarjee ne candidaterait pas à Saint-Pierre. Aucune hypothèse ne doit être écartée et, d’après mes informations, le bâtonnier sudiste ne ferme aucune porte.
Il faudra aussi compter sur d’autres candidats, candidates. Ruth Dijoux (L’union de Saint-Pierre) a prévu une grande conférence de presse le 26 avril prochain à la salle « Le Phénix » en présence du communiste Elie Hoarau, ancien maire de Saint-Pierre et des représentants de différents mouvements politiques. Ça va être animé à Saint-Pierre. Et sans doute dans de nombreuses autres communes.
Vous l’aurez compris, les maires et leurs opposants sont déjà en campagne, un peu partout. A Sainte-Suzanne, si Maurice Gironcel est surtout pris avec son procès à venir (Sidélec, devant le tribunal correctionnel de Paris, du 21 au 27 mai), j’en connais un qui milite déjà dans la commune. Un certain Eddie Richard, employé à la mairie de la Plaine-des-Palmistes, fondateur du mouvement URD (Union pour la Réunion de Demain) qui sera candidat à la mairie de Sainte-Suzanne. Il doit tenir une conférence de presse ce samedi pour annoncer officiellement sa candidature.
Cindy Barbe-Robert, une militante associative, très active; Elle est sur tous les fronst dans le cirque de Salazie
A Salazie, Cindy Barbe-Robert, une militante associative très active, va se lancer dans le grand bain politique. C’est une certitude. Son équipe est déjà en place. Jean-Claude Pausé, actuel conseiller municipal de l’opposition, après avoir siégé aux côtés de la maire Sidoleine Papaya, postulera également. Il assure avoir le soutien de Stéphane Fouassin. Ce qui semble peu probable, pour le moment. Un autre nom circule, celui de Thierry De Gérus. A noter qu’à Salazie, Alexandre Grondin, le directeur de cabinet de Sidoleine Papaya, a quitté récemment ses fonctions pour rejoindre un poste de cadre à la Cirest. Jimmy Armand, directeur des Services techniques à Salazie, a lui aussi quitté la mairie pour un poste au sein du Sidélec. Tous deux, jeunes ingénieurs, avaient du mal avec « les méthodes» de la DGS (Directrice Générale des Services), Emilie Assati-Caro (ancienne des Jeunes communistes), sur laquelle, même la maire Sidoleine Papaya, n’aurait aucun pouvoir. C’est ce qui se dit !
Je voudrais terminer avec une photo prise après la messe chrismale de ce mardi 15 avril à la Plaine-des-Cafres (commune du Tampon). Après ladite messe, à l’invitation de l’Evêché, plusieurs personnalités se sont retrouvées au restaurant « Le Tourne Broche » pour manger un morceau. Certains élus sont venus avec leurs proches collaborateurs, comme ici, cur la photo, en face de Monseigneur Pascal Chane-Teng, évêque de la Réunion (chemise blanche), on peut remarquer le député RN Joseph Rivière (en train de boire), entouré de Thibaud Joseph, son attaché parlementaire (à sa gauche) et de l’épouse de ce dernier, sa collaboratrice (à sa droite). Joseph Rivière dont la permanence électorale au Tampon, payée par l’Assemblée nationale, n’est autre que l’appartement appartenant aux Joseph.
Un petit mot également sur les détournements de fonds publics à Sainte-Rose. Une affaire qui bruissait depuis bien longtemps dans les couloirs de la mairie de la petite commune de l’Est mais qui éclate aujourd’hui au grand jour : le directeur financier (l’ancien maintenant) Florent Colibry, jeune protégé de Michel Vergoz, ancien trésorier de l’équipe de football l’AS Sainte-Rose, que le maire avait ramené en 2018 à la mairie; Un homme de confiance de Vergoz qui a ainsi détourné en presqu’un an, peut-être un peu plus, près de 700 000 € au nez et à la barbe de tous les cadres de mairie, du maire, de son 1er adjoint Dominique Panamballom, délégué aux finances. 700 000 € détournés pour s’acheter, entre autres, une Mercédès à 155 000 €, deux fourgons… Trop fort le gars !
Vergoz pointe du doigt aujourd’hui les services de la DGFIP (Direction générale des finances publiques). Il pensait en découdre hier avec ce service de l’Etat lors d’une réunion prévue dans les locaux de la Cirest à Saint-Benoit. Mais la réunion a été annulée. Les journalistes (ceux qui étaient présents en tout cas) se sont déplacés pour rien. Vergoz en veut également à son DGS Philippe Admette, dont le contrat ne sera pas renouvelé. Il en veut aussi à l’informaticien. Tout ce détournement d’argent public aurait été fait avec la signature du maire falsifié. Incroyable quand même ! Personne ne s’en est rendu compte, pas même le maire connu pour être pourtant un élu, « grande gueule » certes, mais surtout pointilleux, rigoureux… Pas même le 1er adjoint ! Ils gèrent quoi, alors, les élus ? Qui contrôle dans une mairie ? Bizarre cette affaire ! Pour l’instant, en dépit d’une plainte déposée contre lui, l’ancien DAF n’a toujours pas été inquiété par la justice. C’est pareil pour les responsables des dérives financières de la SPL Estival. Cool, Raoul ! Avec notre justice locale, plus c’est gros, plus ça passe. C’est hallucinant, mais c’est comme ça !
En parlant du rôle des élus dans une mairie, j’ai reçu un petit mot de la directrice de Com’ de la mairie de Bras-Panon à propos de mon « Ti Kozman » du 28 mars dernier dans lequel il était question du cambriolage des locaux du CCAS se trouvant Place Michel Debré. J’avais écrit que la ville disposait déjà d’un système de vidéosurveillance opérationnel sur la place Michel Debré lors de ce cambriolage du CCAS, et que l’exploitation des images avait été rendue impossible par le déménagement de la police municipale. Précision de la Com’ de Bras-Panon : « or, le Centre de Supervision Urbain a pu être créé grâce à ce nouveau poste de police (les anciens locaux ne pouvant pas accueillir un tel équipement), et l’installation des caméras est toujours en cours ». Je fais mon mea-culpa. J’espère que l’élu (et non des moindres) de Bras-Panon qui m’avait donné les infos à ce sujet en fera de même parce que, manifestement, lui non plus n’était pas au courant de ce qui se passe dans sa commune en matière de caméras de surveillance. Cela dit, je ne lui en veux pas, parce que dans de nombreuses communes, sans doute aussi un peu à Bras-Panon, tout se fait souvent entre le maire, le dir-cab et un ou deux élus. Les autres (la grande majorité) sont là uniquement comme pot de fleurs et pour faire le quorum lors des conseils municipaux. Sur ce, je vous souhaite avec un peu d’avance de passer de joyeuses fêtes de Pâques !
Y.M.
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