Par Yves Mont-Rouge
C’est bizarre, mais à chaque qu’il s’agit de taxer le grand capital, les gouvernements (droite, gauche, centre) préfèrent mettre la pédale douce quand on parle des grandes entreprises qui excellent dans l’art du chantage à la délocalisation et donc à l’emploi. C’est un peu pareil chez nous, à la Réunion. Raison pour laquelle, certaines collectivités n’hésitent pas à ouvrir le porte-monnaie des contribuables, au nom du « patriotisme économique ». C’est simple, nos élus se font élire par le peuple et, une fois au pouvoir, ils se mettent au service du « système ».
En parlant d’emplois, une cinquantaine de journalistes devraient se retrouver bientôt sur le carreau. Le 3 avril, le JIR, qui a été mis en redressement judiciaire, devra présenté son plan de restructuration. Pour tenter de survivre, il lui faudra passer par la case suppression d’emplois. Une quinzaine de journalistes sont concernés. Le Quotidien, quant à lui, sera fixé sur son sort le 3 avril également, date à laquelle, le tribunal du commerce de Saint-Denis fera connaître sa décision quant à la reprise du journal.
D’après ce qui a été dit mercredi dernier lors de l’audience du tribunal du commerce, sur les deux repreneurs en lice, c’est le groupe ICP-Roto d’Alfred Chane-Pane qui semble avoir tapé dans l’œil des juges et de la subtitut du procureur. Laquelle qui, manifestement, est tombée sous le charme de la rotative toute moderne de Chane-Pane, qui paraît-il n’aurait rien à envier à celle du Figaro. Laquelle magistrate, avant même de penser aux emplois, préfère miser sur la pérennité de l’entreprise Quotidien, qui pourrait donc être reprise sans journalistes puisqu’Alfred Chane-Pane l’a dit : il reprend sans les 36 journalistes de la boîte. Un journal sans journalistes, c’est assez original !
Mais le repreneur potentiel a fait comprendre qu’il pourra s’appuyer sur les journalistes de Zinfos 974 de Pierrot Dupuy et sur des étudiants d’une école de journalisme (il n’a pas précisé laquelle), sans compter l’Intelligence artificielle pour faire un Quotidien, un journal sans « SSS » (sang, sexe et scandale). Sans trop vouloir anticiper sur la décision du tribunal de commerce prévue le 3 avril prochain, tout laisse à penser que Média Capital d’Henri Nijdam, qui avait prévu de reprendre le Quotidien et une quinzaine de journalistes, sera « bordé » au profit de Chane-Pane et de ses investisseurs parmi lesquels, on retrouverait plusieurs grands noms de l’économie locale tels qu’Isautier, Deleflie, Cadjee…
J’emploie le conditionnel car Alfred Chane-Pane garde toujours le mystère sur la composition de son tour de table, alors que Nijdam, tel Jésus qui multiplie les petits pains et les poissons, a expliqué au tribunal pouvoir mettre sur la table, comme ça, presque d’un coup de baguette magique, la quantité d’argent qu’il le faudra pour la reprise du journal de Carole Chane-Ki-Chune qui, à l’image de l’administrateur judiciaire et de la substitut du procureur, semblent avoir une préférence visible et audible pour l’imprimeur réunionnais. Lequel, si on en croît certains de ses collaborateurs, ne désespèrent pas de mettre bientôt la main sur l’autre journal, celui de Tillier, avec qui il a quelques petits comptes à régler.
Pour l’instant, ses collaborateurs et lui attendent que le JIR tombe comme un fruit avant de le ramasser. Les jours du journal seraient comptés, d’après ce qui se dit dans le microcosme des affaires. A ce propos, je note que Jacques Tillier, qui s’était positionné comme repreneur potentiel du Quotidien, s’est finalement retiré au dernier moment. C’était pareil lors des dernières sénatoriales. Le bluff, ça marche parfois mais pas tout le temps !
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