Ce n’est pas encore la rentrée du « Ti Kozman » mais, profitant de la visite du ministre de l’Education nationale Gabriel Attal (le nouveau ministre), et de celle de la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et du SNU, Prisca Thevenot, dans notre île à compter de ce mercredi 16 août 2023, jour de pré-rentrée scolaire, (jusqu’à demain soir jeudi 17 août), j’ai souhaité donner un point de vue, le mien sur toutes ces visites ministérielles durant lesquelles, nos autorités s’arrangent toujours pour ne montrer que le vernis, mais jamais tous les défauts, toutes les défaillances du système qui se cachent sous le vernis.
Attention, ce n’est pas une critique. Je ne me permettrai pas. Gabriel Attal, le nouveau ministre de l’Education nationale est un membre prometteur du gouvernement, qui plus est, un fidèle et très proche du Président de la République Emmanuel Macron. Il a été porte-parole du gouvernement, ministre du Budget et il vient d’hériter de l’Éducation nationale. Ce qui prouve la confiance que lui témoigne le chef de l’Etat. Ce n’est pas, comme on dit chez nous, « un marmaille l’école ». Il sera accueilli par le nouveau recteur de la Réunion, Pierre-François Mourier.
Quand je dis que « les ministres passent, les problèmes restent », ce n’est pas une critique, je le répète, mais un constat ou, plutôt – à la lumière des visites passées – l’anticipation d’un constat. Celui de voir défiler des ministres sans pour autant régler les problèmes récurrents, c’est-à-dire des problèmes qui refont surface chaque année, à chaque rentrée scolaire. Puisse donc le ministre Gabriel Attal pouvoir apporter des solutions à tous ces dossiers qui reviennent sur la table.
Je dis ça parce que, force est de constater qu’en dépit du passage à la Réunion de son prédécesseur, je veux parler du « récent ancien » ministre de l’Education nationale, à savoir Pape Ndiaye (c’était le 27 septembre 2022, un mois après la rentrée scolaire) et ses trois jours de visite-marathon dans notre département, les problèmes n’ont pas bougé d’un iota.
La preuve, quelques jours avant cette nouvelle rentrée scolaire 2023, soit un an après la visite de Pape Ndiaye, certains de nos élus locaux ont été de nouveau contraints de monter au créneau pour défendre les mêmes problèmes, pourtant déjà exposés plus d’une fois aux membres du gouvernement.
Voici, via une petite revue de presse de notre site freedom.fr, ce qui attend le ministre de l’Education nationale. Tout d’abord, le problème de la mutation des lauréats réunionnais au concours de l’éducation nationale. Le 4 août dernier, la présidente Huguette Bello, entourée des députés Frédéric Maillot et Karine Lebon, ont tapé du poing sur la table concernant ces enseignants réunionnais affectés en France hexagonale à la suite de leur réussite au concours d’aptitude à l’enseignement.
Des enseignants obligés de partir en métropole, en quittant leur famille, pendant que des enseignants de l’hexagone viennent occuper des postes dans l’île. Autrement dit, ce n’est pas un problème de places disponibles à la Réunion. Sous prétexte que c’est « un concours national », les enseignants réunionnais sont donc mutés sur le territoire national. D’où la colère d’Huguette Bello ainsi que celle d’autres élus, de gauche notamment, comme le député socialiste Philippe Naillet, qui se demandent si la Réunion » est un territoire national ». En tout cas, c’est un dossier qui revient tous les ans.
Autre dossier qui sera soumis au nouveau ministre de l’Education nationale, celui évoqué la semaine dernière par l’ancienne ministre, maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts. Il s’agit du financement des contrats d’apprentissage revu par l’Etat et le CNFPT. Ericka Bareigts a tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet important pour la jeunesse réunionnaise.
En effet, il faut savoir que la formation en alternance permet à des jeunes âgés de 16 à 30 ans d’acquérir des connaissances théoriques dans un domaine précis et de pouvoir les mettre en application directement sur le terrain. A titre d’exemple, depuis 2018, la commune de Saint-Denis avait fait voter un budget d’environ 250 000 € pour rémunérer ces contrats.
Au 31 juillet 2023, la ville de Saint-Denis comptait 24 apprentis dont 12 en situation de handicap. « Or, pour l’heure, la ville est dans l’obligation de laisser en suspens les intentions de recrutement en contrat d’apprentissage pour l’année à venir », comme l’a souligné Ericka Bareigts.
Pourquoi ? Parce que le président du CNFPT a modifié les conditions de financement pour lesdits contrats et le CNFPT ne prendra plus en charge les frais de formation des apprentis. Les négociations engagées avec l’Etat par le CNFPT et la coordination des employeurs avaient permis de fixer des règles de financement de l’apprentissage dans le secteur public local, mais ces dernières seront appelées à disparaître dès 2024. La maire de Saint-Denis, à l’instar sans doute des autres maires de l’île, compte sur la visite de Gabriel Attal et de Prisca Thevenot pour obtenir des réponses sur ce dispositif dont dépend l’avenir de nombreux jeunes réunionnais.
Enfin, sujet sensible qui revient également à chaque rentrée, c’est celui relatif à l’insuffisance du nombre d’AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap) dans le cadre de l’école inclusive que ne cessent de mettre en avant, à juste titre d’ailleurs, les gouvernements successifs. Sauf que, au-delà des belles paroles, les moyens ne suivent pas. D’où les manifestations qui surviennent durant chaque année scolaire.
Preuve que les ministres passent (idem pour les recteurs) et que les « gros problèmes » demeurent. Comme pour les autres précédentes visites ministérielles, nombre de dossiers importants figureront au programme de Gabriel Attal et de Prisca Thevenot. Il sera question des filières professionnelles (aide à la personne), de la cité éducative, du harcèlement scolaire, de l’éducation au numérique, du développement durable…
Le seul souci avec ce genre de visites, c’est que les organisateurs, en l’occurrence les autorités, préfectorales notamment, ont toujours tendance, à emmener les ministres là où ça marche, où tout fonctionne. Un peu comme si le préfet et nos élus avaient peur de dire aux ministres qui passent ce qui ne va pas : par exemple qu’il y a encore trop d’élèves par classe, qu’il manque des moyens, qu’il manque des AESH, qu’il manque également des transports pour conduire des élèves porteurs de handicaps dans les établissements scolaires…
Raison pour laquelle, quelques semaines ou mois après le départ du/des ministres, parents d’élèves, syndicats d’enseignants, reviennent toujours à la charge pour dénoncer les mêmes problèmes… jusqu’à la prochaine visite ministérielle. Ainsi va la vie politique !
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