Pour inaugurer la NRL en 2028 ? Je plaisante ! Enfin, cela dit, en quasiment 37 ans de journalisme, dont une bonne vingtaine d’années de journalisme politique, j’ai appris une chose : ne jamais enterrer politiquement quelqu’un (ou quelqu’une) qui est toujours vivant (e) et qui a encore la santé. Ce ne sont pas Gilbert Annette, André Thien-Ah-Koon et Joseph Sinimalé, pour ne citer qu’eux, qui me contrediront. Attention aux jugements trop hâtifs ! Contentons-nous de commenter et d’observer, en n’oubliant pas que rien n’est jamais figé dans la vie, et encore moins dans une vie politique, qui n’est autre qu’une roue qui tourne constamment, avec des hauts et des bas… Concernant la NRL, je pensais naïvement, puisqu’il reste 20% du chantier à terminer, que la nouvelle majorité, au terme de la grande et nécessaire réunion qu’elle a initiée, mercredi, quatre mois après son arrivée au pouvoir, allait choisir une option, se garantir du soutien financier de l’Etat, lancer les procédures d’appel d’offre et démarrer d’ici à quelques mois, ou dans les 2-3 ans qui viennent, les travaux pour les 2 kilomètres qui restent à réaliser. Tout en livrant, en attendant, dans le courant de 2022, la bretelle pour permettre le raccordement entre le viaduc et l’actuelle route nationale à hauteur de la Grande-Chaloupe. Mais, manifestement, c’est beaucoup plus compliqué que ça.
Va falloir attendre les expertises. Donc, encore beaucoup, beaucoup d’argent à dépenser dans les études et des années à attendre avant de pouvoir emprunter totalement ces 12 kilomètres de route dont le kilomètre coûtera aux contribuables que nous sommes la bagatelle de 130 millions d’euros. C’est reparti comme en l’An 40. La faute à qui ? J’y reviendrai.
« Le Pass sanitaire n’est pas obligatoire pour assister aux meetings électoraux de la présidentielle »
On reparle politique dans un instant, de la NRL aussi bien évidemment. C’est le dossier de la semaine et sans doute aussi des années prochaines, au moins des 7 à 8 à venir. On reparlera encore de Didier Robert, l’ancien président de Région, qui se retire de la vie politique, de Thierry Robert qui revient, ou plutôt qui veut revenir, de Roselyne Bachelot, un petit tour et puis s’en va…
Mais un petit mot pour commencer sur la Covid car il n’y a pas que la route du littoral dans la vie. Rien ne passe avant la santé. Comme vous avez pu le lire ou l’entendre ces derniers jours, le virus est toujours là et les chiffres repartent à la hausse ici et un peu partout ailleurs… après l’ouverture des « vannes » de la liberté. Vous êtes surpris ? Moi pas. Fallait s’y attendre ! Mais ce n’est pas tant cela qui m’a interpellé. Suis tombé sur le c… en lisant tout récemment un article sourcé AFP, paru dans la presse nationale, faisant état d’un courrier, daté du 28 septembre et signé de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Courrier adressé aux présidents des principaux partis politiques et des présidents des groupes au Parlement dans lequel il est écrit que « le Pass sanitaire n’est pas obligatoire pour assister aux meetings et réunions politiques ». Ben voyons ! Gérald Darmanin précise : « la participation de tous les citoyens à la vie politique de la Nation est l’un des principes fondateurs de notre République ».
La connerie humaine, manifestement. Franchement, on marche sur la tête dans ce pays où la technocratie règne en maître. D’un côté, on vous interdit l’entrée des parcs de loisirs, des magasins, des hôpitaux parfois, d’aller manger dans un resto, voire presque d’aller pisser si vous n’avez pas votre Pass. De l’autre côté, les mêmes qui vous obligent à avoir un Pass pour vivre librement, vous autorisent cette fois de pouvoir assister à des meetings politiques sans Pass dans le cadre de la campagne électorale pour la présidentielle. Cherchez l’erreur !
Dans le même temps, à l’Assemblée nationale, les députés de la majorité donnent son feu vert au projet de loi « vigilance sanitaire » avec possibilité de recourir au Pass sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022. En vous rappelant que si vous avez la poisse de vous faire choper avec un faux Pass, vous risquez jusqu’à 5 ans de prison, soit beaucoup, beaucoup plus que si vous battez votre femme, si vous agressez sexuellement quelqu’un ou si vous fraudez aux fisc. C’est le monde à l’envers !
Mon petit doigt me dit que Didier Robert sera de nouveau sur la ligne de départ aux régionales de 2028
Venons-en à la NRL (Nouvelle Route du Littoral). Mais je vais commencer, si vous me le permettez, par celui qui a lancé le chantier en 2014. Je veux parler de Didier Robert, lequel dans une interview accordée à freedom.fr et à « Zinfos 974 » a annoncé, mardi après-midi, sa décision de se retirer de la vie politique. Comme par hasard à la veille de la session plénière extraordinaire de la Région exclusivement consacrée à la NRL. Mais vous le savez autant que moi, il n’y a pas de hasard dans la vie. S’il a choisi cette date, ce n’est pas pour rien. A partir de là, les commentaires sont allés bon train. Il a été question de « fuite », de « manque de courage d’affronter la vérité », de « se débiner pour ne pas rendre des comptes » sur ce chantier qui dure depuis 10 ans et qui, aujourd’hui, est en panne dans sa dernière phase. Il y a sans doute du vrai.
Huguette Bello a vu dans cette décision « une manœuvre politico-judiciaire pour obtenir la clémence des juges » par rapport à ses affaires judiciaires dont celle de la SPL Musées Régionaux qui passera en cour d’Appel le 10 février prochain. Elle a peut-être raison. D’autres avant Didier Robert ont emprunté le même chemin. Je pense par exemple à Nicolas Sarkozy en métropole ou encore à Joseph Sinimalé à la Réunion, pour ne citer qu’eux. Faut croire que la tactique n’a pas marché, quand on regarde la sentence qui a été prononcée à leur encontre : de la prison ferme et de l’inéligibilité, sans compter de grosses amendes. Les juges ne sont pas dupes. Mais laissons la justice faire son travail ! En attendant, en tant que journaliste, sans juger, j’ai tout simplement acté le fait qu’il a décidé de se retirer de la vie politique, pour se consacrer à ses nouvelles activités professionnelles (vraisemblablement la création d’une société de consulting). Qui seront ses clients ? Il donnera aussi dans l’humanitaire. Bénévolement. C’est lui qui le dit.
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Didier Robert devra prochainement démissionner de ses mandats de conseiller régional. Pour la séance d’avant-hier à la Région, il avait donné sa procuration au socialiste-Macroniste « d’Objectif’ Réunion» Michel Vergoz. Didier Robert ne devrait pas tarder non plus à démissionner de ses mandats de conseiller municipal de l’opposition dionysienne et de la Cinor. Il devrait passer la main bientôt au sein d’Objectif Réunion. D’autres élus régionaux de droite devraient également démissionner. Des maires comme Johnny Payet (Plaine-des-Palmistes) et Daniel Pausé (Trois-Bassins) vont monter… Didier Robert se prépare psychologiquement à sa traversée du désert, ainsi qu’à ses procès (Appel, peut-être la Cassation, si besoin). Il devrait utiliser toutes les voies de recours pour « se défendre » quitte à rater quelques rendez-vous politiques à venir (législatives, il l’a déjà dit ; Les municipales à Saint-Denis, c’est également plus que probable).
Mais mon petit doigt me dit que, si Dieu lui prête vie, il continuera à faire de la politique sans mandats et qu’il devrait être sur la ligne de départ des élections régionales de 2028. Il n’aura que 64 ans. J’en prendrai presque le pari. Raison pour laquelle, à la lumière de l’expérience passée, je ne m’attarde pas sur les commentaires et je n’enterre politiquement personne de son vivant quand ont connait la versatilité de l’électorat, du moins du peu d’électeurs et d’électrices qui votent encore. En sachant qu’il ne faut plus comparer le vote d’aujourd’hui avec celui d’hier ; Qu’il n’existe plus de vote idéologique ; Des votes par conviction politique. Ce fut un temps, il y avait des militants qui étaient prêts à mourir pour Vergès ou Debré. Ça me fait penser à Jean-Bernard Caroupaye : « moi je mort pour les entrepreneurs ». Lol !
Aujourd’hui, vous disais-je, le vote se fait surtout en fonction de l’humeur du moment, du jour, d’une promesse tenue ou non tenue. C’est avant tout un vote soit de reconnaissance, de remerciement pour service rendu, de résilience ou alors, carrément, de vengeance, de sanction. Et la roue politique tourne ainsi… A suivre. Rendez-vous en 2028 !
En tout cas, ne nous méprenons pas. Je ne suis pas en train de me faire l’avocat du diable. Je dis tout simplement qu’il ne faut pas juger. Ceux qui aujourd’hui voient dans la décision de Didier Robert de se mettre en retrait de la vie politique « un acte de lâcheté » sont ceux-là même qui, jadis, glorifiaient la cavale de Pierre Vergès (pris dans l’affaire de l’endiguement de la Rivière-des-Galets) en laquelle ils voyaient un acte héroïque de rébellion contre la « zistis macro »…
NRL : une route en mer, un chantier dans la mer…
J’en arrive maintenant à la NRL. Personnellement, si j’avais été à la place de Didier Robert, je serai venu défendre mon projet, mon bilan, fusse-t-il discutable. Mais pour autant, je respecte son choix ; Ça lui appartient. Ce n’est pas parce qu’il ne m’a pas donné des millions d’euros de subventions (d’argent des contribuables) du temps où il était aux commandes de la pyramide inversée que je vais – aujourd’hui qu’il a tout perdu – me défouler sur lui, l’achever parce qu’il est à terre. Je laisse ça aux autres, à d’autres plumitifs de la place, avides de pognon public, qui excellent dans cet exercice. Ce n’est pas mon genre de me gaver avec l’argent des autres, puis de tirer, ensuite, sur l’ambulance. Bref, je referme la parenthèse !
La NRL ! De la même façon que j’ai salué en 2014 le lancement de ce chantier, je salue l’initiative de l’organisation de cette « réunion transparence » d’avant-hier à la Région. Huguette Bello l’avait dit au lendemain de sa victoire en juin dernier, elle l’a fait. Dans un premier temps, cette session extraordinaire avait été annoncée pour le mois d’août ; Elle a finalement eu lieu en octobre. Normal, le temps de prendre ses marques et de bien la préparer surtout pour ne plus commettre les mêmes erreurs que l’ancienne équipe. Tout devait être nickel, tant sur la forme que sur le fond. On l’a constaté d’ailleurs, mercredi, lors des prises de parole des conseillers de la majorité. Wilfrid Bertile, Christian Annette, Karine Nabenesa, le député-Jean-Hugues Ratenon, Patrick Lebreton, Patrice Boulevard. Les rôles avaient savamment répartis. Chacun, dans son registre, a été percutant de par la force des mots, des arguments employés, la véracité des chiffres avancés.
Ils ont rappelé à juste titre que cette NRL inachevée, 10 ans après le lancement des travaux qui ont fait naître tant d’espoir, a fait de La Réunion « la risée du monde ». Bertile a rappelé la petite phrase cinglante de l’actuel ministre de l’Economie, Bruno Lemaire : « je crois qu’il n’y a rien de plus stupide que les routes qui ne mènent nulle part ». Bertile a rappelé que cette route qui n’est pas terminée est considérée comme «l’une des plus chères du monde : 133 millions d’euros le kilomètre ».
Patrick Lebreton répondant à Michel Vergoz (représentant de Didier Robert par procuration) veut bien aller « au fond » du dossier mais le 1er vice-président a surtout fait comprendre qu’il va devoir « aller aux fonds » aussi, histoire de faire comprendre que face à ce « gouffre financier » que représente la NRL et « qui va plomber une très grande partie de la politique à venir de la collectivité régionale », il lui faudra, coûte que coûte, aller trouver des « fonds » justement pour terminer ce projet de route en mer dont le chantier se trouve , pour l’instant, plutôt dans la mer…
Une route qui ne «va pas être payée par Didier Robert », dira-t-il toujours en réponse à Jean-Jacques Morel, qui avait précisé que « Didier Robert avait fait sauter le péage » initialement prévu par feu Paul Vergès. En réponse aussi à Michel Vergoz qui avait soutenu haut et fort que « le coût et l’option importaient peu aux Réunionnais qui veulent avant tout savoir quand i râle ça ». Autrement dit, quand est-ce qu’on va rouler sur la NRL… Ratenon, Bertile et Annette ont par ailleurs relevé que l’attribution des marchés de la NRL a fait l’objet d’enquêtes judiciaires de la part du PNF, parquet national financier de Paris (pas moins de 11 perquisitions à la pyramide et au domicile de l’ancien président), que « cette route la plus chère du monde mais non achevée se fait à la Réunion dans l’un des départements le plus pauvre du monde ».
Ils ont également mis en avant que cette route ou « chantier ruineux » est « l’enfant de l’Etat », voulu au début des années 2000 par le ministre des Transports Dominique Perben. Autrement dit, que l’Etat devra prendre sa part de responsabilité dans le financement de la partie restant à concrétiser. Christian Annette a surtout insisté sur « l’amateurisme » du maître d’œuvre (Egis) et celui du Maître d’ouvrage (La Région de Didier Robert et de Dominique Fournel anciennement délégué aux Grands Travaux) dans la gestion de chantier pharaonique, plus précisément dans les négociations avec les multinationales, lesquelles ont tourné en bourrique le Maître d’ouvrage. A écouter tout ce qui a été dit avant-hier, l’on peut en effet s’interroger sur le silence (complice ?) du maître d’œuvre et du maître d’ouvrage quant à l’attitude des multinationales qui ont un tant soit peu utilisé « notre île comme une pompe à fric ». Un peu comme si la Réunion était vraiment considérée comme un comptoir de la compagnie des Indes.
Bien sûr qu’il faut faire toute la lumière sur ce chantier, qu’il faut établir les responsabilités des uns et des autres dans ce « gâchis », y compris peut-être, outre la responsabilité politique, celle également administrative, des fonctionnaires de la Région, du service juridique, du service des « Grands Travaux » qui ont eu à gérer ce dossier. Il y a eu manifestement des légèretés qui font que la facture à payer s’annonce lourde. Je veux parler des contentieux de l’ordre de 900 millions d’euros. Les 90 recours déposés contre la NRL, recours émanant des associations mais également du groupement, ont-ils été gérés comme il se doit par les services habilités de la Région ? Pourquoi les élus délégués, y compris le président, ne se sont-ils pas bougés plus que ça pour tirer la sonnette d’alarme sur le précipice financier vers lequel a été conduite la collectivité via la gestion chaotique de ce chantier ? A ma connaissance, certains fonctionnaires qui officiaient au service juridique de la Région ont, depuis, plié bagage en direction des mairies et ils ont même pris du galon. Pendant ce temps, qui va payer la facture ?
Les attaques se sont focalisées, mercredi, sur Didier Robert. C’est de bonne guerre politique. Mais il faut savoir que ce projet de NRL remonte à l’époque de feu Vergès qui n’a pas pu le concrétiser car, en dépit des crédits votés dans le cadre des accords de Matignon 1, il avait priorisé le tram-train, comme l’a rappelé Michel Vergoz. A qui la faute du retard de la route du Littoral ? A Vergès (sans déranger son âme) qui n’avait rien prévu dans le schéma des carrières de 2010 ? Aux multinationales qui ont été incapables de faire ouvrir des carrières et d’aller chercher des roches massives comme il était prévu dans leur contrat ? A la Région de Didier Robert qui a mis la charrue avant les bœufs en lançant les travaux en 2014, juste avant les régionales de 2015, dans un but électoraliste sans même se soucier au préalable de l’existence ou non des matériaux nécessaires ? Wilfrid Bertile a parlé « d’une mesquine décision politique » ? A l’Etat ? Aux associations de défense de l’environnement ? A Thierry Robert, puis à Bruno Domen, les maires respectifs de Saint-Leu ? Aux transporteurs « amis de Didier Robert » qui ont fait pression pour obtenir une partie en digue et obtenir des marchés ? Aux fonctionnaires de la Région qui n’ont pas fait leur job ? Bref, aux auteurs des plus de 90 recours déposés contre ce chantier ?
L’objectif de la session « spéciale NRL » voulue par l’actuelle majorité était de faire toute la lumière sur ce chantier en panne. Certaines vérités ont été dites. Pour parler clairement, le but était de montrer à l’opinion publique que si la Région se retrouvait aujourd’hui dans une telle situation concernant ce dossier, c’était à cause d’une gestion politique calamiteuse de l’ancienne majorité. C’est fait ! Le but, c’était aussi de répertorier un certain nombre d’options possibles pour la finir. C’est fait ! Le but c’était enfin faire comprendre à l’Etat qu’il faudra impérativement mettre financièrement la main à la poche – pourquoi pas dans le cadre d’un « Matignon 3 » – pour terminer cette route. C’est fait !
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Et maintenant, concrètement, on fait quoi ? Prochaine étape : procéder au raccordement Viaduc/RN Grande-Chaloupe fin 2022 et se mettre au boulot pour aller négocier l’aide financière de l’Etat en profitant de la campagne électorale de la présidentielle et renégocier avec les multinationales à propos des contentieux en attendant des expertises sur les solutions qui ont été publiquement exposées. Outre ses autres domaines de compétence, la nouvelle majorité a 7 ans pour agir et pour montrer aux Réunionnais, d’ici aux prochaines élections régionales, que « Bello l’a fait ». Et quand bien même, elle réussirait à terminer cette route avant la fin de la mandature, cela ne règlera pas pour autant la problématique du coma circulatoire dans l’île car, vous l’aurez compris, sans minorer le problème de sécurité qu’elle pose, la Nouvelle Route du Littoral n’est pas l’Alpha et l’Omega du problème de déplacement à La Réunion. On en reparlera à coups (coûts ?) sûrs dans les 7 années qui viennent.
Majorité régionale et législatives 2022 : « avec Selly, c’est Patrice ! »
Ou encore « Selly la division ». Les plaisanteries vont bon train mais en réalité les élus de la majorité régionale, notamment le député sortant Jean-Hugues Ratenon dans la 5ème circonscription, commencent à rire jaune. Je vous le disais dans l’édito de vendredi dernier, les réunions dites « des forces progressistes » ont repris à Saint-André. Rappelez-vous, elles avaient été initiées par Ratenon lui-même avant les régionales pour pousser Huguette Bello quand, dans le même temps, Gilbert Annette faisait tout pour placer Ericka Bareigts. Au final, les réunions n’ont pu mettre d’accord les deux camps de gauche avant le premier tour puisque Bello et Bareigts ont chacune conduit sa liste, avant de se retrouver au second tour. Visiblement, on ne change pas une équipe qui perd (en ne réussissant pas l’union au premier tour), et qui gagne (en faisant l’alliance au second tour) !
Les réunions ont ainsi repris depuis une semaine, mais cette fois, dans la perspective des législatives de 2022. Celle de lundi dernier à Saint-André relève presque du comique. Parmi les absents : Huguette Bello, Emmanuel Séraphin (PLR), Joé Bédier (UDSA), Gilbert Annette, Ericka Bareigts, Philippe Naillet (PS). C’est Salim-Nana Ibrahim (élu à Saint-Paul) qui a représenté le PS. Présents également autour de la table : le Progrès avec Harry Claude Morel (président), Patrick Lebreton (1er vice-président de Région et maire de Saint-Joseph) et son collaborateur Désiré Bagrette ; Banian avec Patrice Boulevart (le conseiller régional), le maire de Saint-Benoit Patrice Selly et son directeur de cabinet Jérémy Sheekmeira ; le PCR avec Maurice Gironcel (maire de Sainte-Suzanne et président de la Cinor) et son dir-cab Gilles Leperlier ; Présents également Claude Hoarau (Action Populaire de la Réunion) et Hervé Lauret, Jean-Hugues Ratenon, le député de la 5ème circonscription et Amandine Ramaye (vice-présidente de la Région et responsable de Rézistans 974).
Au menu de la discussion : les législatives. Ratenon lance la réunion, excuse les absents et introduit le sujet. Claude Hoarau dont le fils Fabrice est conseiller régional de la majorité se lance dans une grande explication stratégique dont la conclusion, en substances, est la suivante : « nous pouvons gagner au moins 6 des 7 circonscriptions de si nous sommes unis ». Il faut savoir que le mot d’ordre de la majorité régionale pour cette élection est on ne peut plus clair : « la prime au sortant » et si possible candidature unique.
Mais il y a un os. Patrice Selly ne partage pas l’optimisme de Claude Hoarau et ne s’aligne pas non plus sur la ligne établie par la majorité régionale. Il explique que Banian (Bâtir Notre Ile Ansamb ), son parti politique, a besoin de compter ses voix et que le mouvement – qui a implanté une nouvelle section à Sainte-Rose mercredi – sera de la compétition, y compris face au sortant, c’est-à-dire Ratenon. A Sainte-Rose vous disais-je Banian s’implante en essayant de faire exploser l’actuelle section PS à grand renfort paraît-il de PEC de la Cirest. La conseillère départementale socialiste, Amandine Hoareau, binôme de Bruno Robert (adjoint de Selly), est déjà passée dans l’autre camp, celui de Selly.
Rappelons que Banian fait à la fois partie de la majorité régionale de gauche (PLR/Progrès/PS/PCR) que de la majorité départementale de droite. « J’allais t’appeler mon cher camarade mais tu n’es pas un homme de gauche » lance alors Claude Hoarau à Patrice Selly lors de la réunion de lundi dernier à Saint-André. « Je suis de gauche mais mon parti n’est pas de gauche », réplique Selly qui, avec ses deux bonhommes, plient aussitôt bagage. Claude Hoarau laisse alors entendre qu’il ne viendra plus jamais discuter face à « cet homme ».
Ce qu’il faut retenir, c’est que l’union de la gauche ou des forces progressistes autour de Ratenon, comme l’aurait voulu Huguette Bello, porte-drapeau de la majorité régionale, est mal barrée. Banian organisera sa primaire d’ici à novembre prochain pour désigner son candidat dans la 5ème. Ce qui a fait dire lundi soir à certains élus présents que « Selly, l’avocat, est sans foi ni loi ». Ou encore « avec Selly, c’est Patrice » et « Selly la division ». Mais le président de Banian n’en a que faire de toutes ces moqueries. Il est dit par ailleurs que toujours dans la 5ème circonscription, celle de Ratenon, le PS pourrait pousser l’ancien maire de Sainte-Rose Bruno Mamindy-Pajany. Info ou intox ?
« Bèsement » à prévoir également, comme je l’écrivais la semaine dernière, dans la 6ème circonscription entre le PS (qui pourrait soutenir soit Monique Orphé, soit Eric Leung) et Karine Nabenesa, vice-présidente de la Région.
On reste dans la thématique de l’union ou de la désunion, pour vous annoncer la création d’un nouveau groupe au sein de l’opposition régionale. Il s’appelle « Le Cap » comme « Gardons le cap », slogan de Michel Fontaine aux municipales de 2020 et de ses candidats aux départementales et régionales de 2021. « Le Cap » à la Région est composée des deux élues de la majorité municipale saint-pierroise, à savoir Sandrine Aho Nienne et Denise Hoarau. La prise de parole bien que très courte de Sandrine Aho Nienne (moins de 2 minutes) dans le grand débat d’avant-hier sur la NRL en dit long sur le positionnement dudit groupe : « Exit toutes polémiques politiciennes, tous clivages, travaillons, Mme la présidente, dans l’intérêt général, dans l’intérêt des Réunionnais ». Message sudiste bien reçu du côté d’Huguette Bello qui a compris qu’elle n’aura pas de soucis avec les élus de Michel Fontaine et d’André Thien-Ah-Koon pour bien mener sa barque jusqu’en 2028.
J’ai commencé avec un Robert, je terminerai avec un autre Robert. Un Robert (Didier) qui s’en va (temporairement ?), un Robert (Thierry) qui revient. Ben oui, comme dirait la chanson : ça s’en va et ça revient… C’est la politique. Thierry Robert, qui était mon invité mardi dernier dans « Ça Koz Politique » sur Antenne Réunion et qui vous a annoncé la création de son nouveau parti politique « Le P.A.C.T. ». A ne pas confondre avec « Pact Réunion » qui s’occupe de la réhabilitation de l’habitat.
Son P.A.C.T. à lui veut dire « le Peuple Aux Commandes du Territoire ». A l’entendre causer, on comprend vite fait qu’il a pris ses distances avec Macron, qui l’avait lâché en 2018 lorsqu’il a été éjecté de l’Assemblée nationale par le Conseil Constitutionnel, qu’il demeure plus que jamais centriste, qu’il se prépare sans doute pour les législatives de 2022 si le peuple veut de nouveau de lui aux commandes de la 7ème circonscription et qu’il se prépare surtout pour les municipales de 2026 à Saint-Leu où l’envie de croiser le fer avec son ex ami Bruno Domen le démange comme pas possible. Il y pense tellement fort que cela s’entend à dix mètres de distance. Mais le « Thiery Robert nouveau » assure qu’il ne confondra plus vitesse et précipitation, qu’il attendra son heure non plus en criant sur tout ce qui bouge, mais en souriant à volonté, et qu’il ne dira plus en se dressant sur ses ergots « ti coq, mi viens pou ou là ! ».
Encore un petit mot de politique avant de vous quitter plus précisément sur la visite presque surprise de Mme Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture qui, le temps d’un week-end bien ensoleillé, a déboulé chez nous pour« crase » un maloya avec la socialiste Ericka Bareigts, pour déjeuner avec quelques élus, pour manger des samoussas sans « gomme » son rouge à lèvres, et pour bat ‘ un caré dans 2-3 établissements dont le Conservatoire à Rayonnement Régional (voir article ci-contre sur notre site). Sans doute en a-t-elle profité pour rendre visite à son frère pharmacien installé dans l’île depuis quelques années déjà et aux amis de ce dernier qui auraient bien besoin d’un coup de pouce de la ministre de la Culture par les temps qui courent. Moi j’ai surtout retenu du passage de l’ancienne jupette de Chirac, aujourd’hui Macroniste du gouvernement Castex, ses tailleurs/pantalon dont certains en cuir, de couleurs violet, noir, et gros blanc qui tape à l’œil). C’est bientôt la Toussaint ! Il ne manquait plus que du orange… pour faire Halloween !
Y.M.
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